Une fusion (trop!) coûteuse pour Saint-Alban?

Par cpierredrolet
Une fusion (trop!) coûteuse pour Saint-Alban?

Selon les informations obtenues d’administrateurs d’APEPA, fortement préoccupés par ce projet de fusion, une des conditions pose particulièrement problème: avec cette fusion, APEPA cesserait d’exister et tous ses actifs deviendraient la propriété d’un nouvel organisme régional, sans aucune compensation financière pour la communauté de Saint-Alban. Pour comprendre les enjeux d’une telle fusion, jetons un coup d’oeil sur l’origine et les avoirs des deux organismes.

La Corporation de gestion du Parc naturel régional de Portneuf fut constituée en 2011 par la MRC de Portneuf «pour assurer la gestion et le développement du Parc naturel régional de Portneuf». La MRC détermine aussi la composition de son conseil d’administration: 2 postes pour Saint-Alban, 2 pour Saint-Ubalde, 1 pour Rivière-à-Pierre, 1 pour Ville de Portneuf et 1 pour la MRC; cet organisme régional agit donc sous l’autorité de la MRC. Ses actifs immobiliers s’élèveraient à 1 261$ selon son bilan au 31 décembre 2013.

Action plans d’eau plein air (APEPA) fut créé par des citoyens de Saint-Alban le 12 avril 1999 en vertu de la Loi sur les compagnies. Cet organisme à but non lucratif a pour mission de stimuler le développement récréotouristique de la municipalité par la gestion du secteur des gorges de la rivière Sainte-Anne. En 2012 et 2013, cet organisme a fusionné avec le Comité d’aménagement des lacs de St-Alban (CALSA) et le Centre de plein air Les portes de l’enfer (centre de ski de fond), deux autres organismes locaux. Les actifs immobiliers d’APEPA ont ainsi été portés à 565 424$, selon son bilan au 31 décembre 2013, auxquels il faut ajouter la valeur du bâtiment construit en 2014 pour l’accueil des clients du secteur des gorges et du parc régional, estimée à près de 280 000$. Enfin, selon l’entente  conclue en octobre 2013 avec la Corporation du parc, APEPA est responsable de la gestion du Parc naturel régional de Portneuf pour quatre ans.    

Un premier constat s’impose: comme les deux organismes oeuvrent dans des domaines similaires, soit le développement d’activités récréotouristiques de plein air en partie sur les mêmes territoires, la fusion recherchée peut paraître souhaitable, entre autres, pour une plus grande intégration de leurs activités respectives, un partage des personnels et des économies d’échelle récurrentes.

Mais là où le bât blesse sérieusement, c’est dans le transfert des actifs immobiliers d’APEPA à un organisme à vocation régionale relevant de la MRC de Portneuf, et ce, sans aucune compensation financière pour la communauté de Saint-Alban. Une part importante de ces actifs est en effet constituée de nombreux bâtiments servant de chalets locatifs et d’un centre de ski de fond, construits, entretenus et exploités, parfois depuis plus de 30 ans, grâce à l’argent, au bénévolat et au travail soutenu de très nombreux citoyens de la communauté de Saint-Alban.

Comment alors accepter que la propriété de ces actifs, évalués à plusieurs centaines de milliers de dollars, soit abandonnée, d’un simple trait de crayon et sans compensation aucune, à un autre organisme régional issu de la fusion et relevant toujours de la MRC? La communauté de Saint-Alban aurait pourtant bien besoin de récupérer les investissements qu’elle a faits dans les actifs d’APEPA, ne serait-ce que pour améliorer ses équipements de loisir, de culture et, pourquoi pas, de sécurité incendie!

Cette absence de compensation financière est d’autant plus étonnante que «l’Entente relative à la gestion du Parc naturel régional de Portneuf» prévoit que, à sa terminaison, la Corporation pourra prioritairement acheter certains actifs situés dans le parc: «Quant aux cinq (5) chalets (lac Noir, lac à la truite, lac Caribou, lac en Cœur et Montagnard du lac Long) ainsi qu’aux équipements et accessoires autres que des immeubles, ils seront évalués par un évaluateur indépendant et la Corporation bénéficiera d’un droit d’achat prioritaire aux prix déterminés par l’évaluateur.» (Article 9 de l’Entente). C’est nulle autre que Lynn Audet, alors mairesse de Saint-Alban et présidente de la Corporation du parc, qui a signé cette entente en 2013. Doit-on conclure que tant Mme Audet que les autres membres de la Corporation du parc, y compris la MRC et le conseil municipal de Saint-Alban, faisaient alors davantage preuve de considération, voire d’équité, vis-à-vis la communauté de St-Alban et de son patrimoine? La question est posée.

Nous demandons aux administrateurs des organismes concernés, au conseil municipal de Saint-Alban et au conseil des maires de la MRC de surseoir à cette fusion et d’en reconsidérer les conditions afin que la communauté de Saint-Alban ne soit pas dépossédée injustement d’une part importante de son patrimoine récréotouristique, mais qu’au contraire, s’il devait y avoir fusion, que ce soit moyennant une juste et préalable indemnité.

On ne saurait admettre que le parc régional poursuive son développement sur la base d’une fusion inéquitable pour la communauté albanoise qui, de surcroit, a déjà beaucoup donné à ce parc: la municipalité de Saint-Alban a de fait investi 135 000$ pour l’acquisition d’une partie de la falaise et de terrains en bordure du barrage du lac Long, sans parler des dizaines de milliers de dollars investis au fil des ans pour l’amélioration des routes donnant accès au territoire du parc!

Aucune urgence ne justifie par ailleurs de finaliser cette fusion dans l’immédiat puisque l’entente qui lie la Corporation du parc et APEPA permet  d’assurer le bon déroulement des opérations du parc régional jusqu’en octobre 2017, soit pour trois autres années. Pourquoi cette précipitation à fusionner ces deux organismes, laquelle ne peut que semer la suspicion et la discorde?

Mario Denis

Saint-Alban

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