L’enfant et la violence conjugale

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Par Geneviève Lapointe
L’enfant et la violence conjugale

Un enfant se développe à partir de son milieu. Il a besoin de stimulation pour s’ouvrir au monde et de modèles pour orienter ses comportements. Ses parents vont jouer ces rôles et ne manqueront pas d’être appelés à donner du sens à ses expériences affectives. Par exemple, si l’enfant éprouve des difficultés motrices avec ses blocs et qu’il se fâche, le parent consciencieux va le réconforter, l’encourager à persévérer et lui offrir de l’aide au besoin. Il secondera son enfant pour trouver un sens constructif à cette expérience qui était frustrante pour lui. Par contre, que se passe-t-il pour le développement de l’enfant lorsque le milieu familial est empreint de violence conjugale?

Même s’il n’y a aucune mauvaise intention dirigée directement contre l’enfant de la part du parent violent ou de celui qui subit la violence, l’enfant sera mis sous pression dans ce contexte, voire ‘’sacrifié’’. Il est victime de la violence conjugale puisqu’il souffre des agissements de son parent violent. Ces couples parentaux présentent à leurs enfants un modèle contradictoire. D’un côté, l’enfant reçoit le message qu’ils sont présents pour prendre soin de lui et l’aimer. De l’autre côté, il voit qu’un de ses parents agresse l’autre et il sent que ses deux parents sont absorbés par leurs émotions intenses de colère et de peur. Conséquemment, il peut ne pas se sentir aimé ni protégé par eux. Il a peur lui aussi. Il ne sait pas ce qu’il doit croire: les paroles rassurantes de ses parents ou les gestes menaçants? De plus, bien souvent, il ne sait pas comment échapper à cette situation de violence car il a intégré en lui l’interdiction d’en parler.

Cet enfant pourrait être amené à développer des solutions violentes lorsqu’il vit de la colère. N’oublions pas que la principale source d’apprentissage chez l’enfant est l’imitation. N’utilisant pas de solution pacifique devant les conflits, il accuse du retard pour penser les situations conflictuelles et les traduire en mots.

Il est aussi possible qu’il soit de plus en plus anxieux et que son malaise se traduise par des maux physiques (maux de ventre, de tête, etc.). Il pourrait être alors hypervigilant et souffrir de problème de sommeil, de concentration et d’irritabilité.

Enfin, il pourrait aussi tenter de soigner le parent victime de violence, souvent la mère. Il voudra alors rester proche d’elle, être son confident et son support moral. Cela cache souvent un sentiment de culpabilité que l’enfant essaie de contrer par cette bienveillance.

Quoiqu’il en soit, si cet enfant témoin de la violence conjugale est mis en contact avec une personne qui lui permet d’exprimer sa douleur et de se sentir en sécurité, il pourra faire preuve de résilience pour se construire réellement et trouver un sens positif à sa vie.

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