D’un cirque à l’autre

Photo de Denise Paquin
Par Denise Paquin

Il y a plus de 30 ans, un petit groupe d’artistes de rue de Baie Saint-Paul a fait appel à l’aide gouvernementale pour un projet farfelu, la création d’un cirque sans animaux. L‘État leur a fait confiance et le Cirque du Soleil est né. Un des fondateurs rappelait récemment l’importance de ce coup de pouce venu de la collectivité. Depuis, nous, les payeurs de taxes, avons été remboursés au centuple par la création de milliers d’emplois directs et indirects. Pourtant, à l’époque, certaines personnes trouvaient ridicule l’idée de soutenir un projet lancé par ces saltimbanques sur échasses. L’intervention financière de l’État dans le monde des arts et de la culture a toujours soulevé l’ire de ceux qui voudraient laisser les forces du marché, et elles seules, agir dans tous les domaines de la vie, hormis la sécurité civile et l’armée. À les écouter, il ne saurait y avoir, par exemple, de Société Radio-Canada ou de Télé-Québec. Seules les cotes d’écoute seraient juges de la pertinence de telle ou telle émission. Pour l’éducation, la culture et l’information scientifique, on repassera. L’allusion au Cirque du Soleil me fait penser à un autre cirque, permanent celui-là, sans animaux lui non plus et qui ne met en vedette que des clowns : le Cirque Trump. Un cirque qui ne fait pas rire et qui met en danger la sécurité et la santé mentale des spectateurs. Un cirque qui s’est hissé au pouvoir grâce aux pires magouilles et dans le but avoué de démolir le tissu social de la société américaine. Le budget concocté par le diabolique directeur du cirque dit tout sur ses intentions, notamment dans le domaine de la protection et de la promotion des arts et de la culture (sans parler des mesures concernant la protection de l’environnement). Ainsi, par aveuglement idéologique les dirigeants de ce cirque abolissent toute aide à des réseaux publics d’information, faisant bande à part des grands pays industrialisés (BBC en Angleterre, Radio-France, Radio-Canada etc.). Tout comme ils sont les seuls à refuser à leurs concitoyens, un régime universel d’assurance-maladie. Quand la culture et la santé sont laissées à la merci des faiseurs de profit on peut être assurés de glisser vers une société encore plus inégalitaire et appauvrie à tous les égards. Le pire des cirques sous le soleil.

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