Pour se nourrir dans la dignité

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Par Gaétan Genois
Pour se nourrir dans la dignité
Sylvie Germain, de la Table de concertation en aide alimentaire de Portneuf, et Mélanie Lamoureux, du Regroupement des cuisines collectives du Québec. (Photo : Gaétan Genois)

Nous respirons, nous buvons de l’eau, ce sont là des droits protégés et inaliénables. Mais qu’en est-il du droit à l’alimentation? Dans Portneuf comme ailleurs, on se penche sur la question. Le 12 avril, au Moulin Marcoux, une vingtaine d’acteurs de la région participaient à une consultation sur le droit à l’alimentation.

La démarche impliquait la Table de concertation en sécurité alimentaire de Portneuf, coordonnée par Sylvie Germain et le Regroupement des cuisines collectives du Québec (RCCQ), représenté par Mélanie Lamoureux.

Le but ultime de cette démarche portneuvoise, mais aussi panquébécoise est la présentation au gouvernement en place par le RCCQ, d’un projet de loi-cadre protégeant la sécurité alimentaire.

Exercice d’intelligence collective

« Ce cheminement a commencé lors de notre deuxième journée sur la sécurité alimentaire, en 2019 à Saint-Raymond », explique Sylvie Germain. Une quarantaine de personnes collaborent sur différents projets dans les différents maillons du système alimentaire portneuvois pour le rendre plus solidaire, plus inclusif et plus durable. Leurs efforts ont un objectif : faire en sorte que tous les Portneuvois, incluant les personnes vulnérables, aient un accès physique, économique, culturel à des aliments en quantité suffisante sur l’ensemble du territoire.

« Elle vise à recueillir les différentes idées sur les quatre aspects du droit à l’alimentation, ajoute Mme Germain. » Ces aspects sont l’accessibilité aux aliments, la disponibilité et la stabilité des approvisionnements, le caractère adéquat des aliments, et la durabilité des systèmes alimentaires.

« C’est un peu un exercice d’intelligence collective pour rapporter au Regroupement des cuisines collectives ce qui se passe sur le terrain, quels sont les besoins des personnes vulnérables. »

Le RCCQ

« La réalité actuelle au Québec et au Canada, déclare Mélanie Lamoureux, c’est que le droit à l’alimentation n’est pas respecté, protégé, mis en oeuvre. Il est bafoué quotidiennement. Nous, on s’est engagés avec nos membres et partenaires à aller dans toutes les régions du Québec pour consulter les gens sur leurs préoccupations en lien avec le droit à l’alimentation. »

Pour Mme Lamoureux, la question est beaucoup plus large que l’accès économique.  géographique ou physique aux aliments. 

Question plus large

« Est-ce que les agriculteurs et ceux qui sont dans le système alimentaire comme les travailleurs saisonniers, et les gens qui travaillent dans les épiceries ont des conditions de travail dignes ? Ce que je mange est-il exempt de substances toxiques et apte à me maintenir en santé ? Est-ce qu’on pollue les cours d’eau ? Dans le système alimentaire tel qu’on le connaît, est-ce que les aliments parcourent tellement de kilomètres que ça produit beaucoup de GES ? », ce sont des questions que pose Mélanie Lamoureux.

Pour elle, l’ensemble des Québécois est concerné par le droit à l’alimentation, car il y a énormément d’enjeux.

« On est justement venus recueillir les préoccupations et propositions de solution auprès de différents groupes comme les gens de Portneuf. Et grâce à ça, on va se réunir en comité et on va utiliser ces matériaux-là pour l’objectif ultime, rédiger un projet de loi-cadre sur le droit à l’alimentation », explique la représentante du RCCQ.

Projet de loi

Ce projet de loi sera déposé à l’Assemblée nationale, à ceux et celles qui seront élus à ce moment.

La loi devrait permettre à tout le monde d’avoir des revenus suffisants pour s’acheter des aliments qui correspondent à leurs besoins et à leurs préférences, afin de ne pas être dépendant de l’extérieur pour se nourrir.

Cela implique également qu’il faut assurer la transmission des savoirs et des connaissances alimentaires. Ce savoir peut être culinaire, au niveau de la production, de la transformation ou de la conservation des aliments, afin que les gens aient la capacité de faire des choix éclairés et d’aller chercher plus d’autonomie alimentaire.

Combien de temps?

« Comment le gouvernement va recevoir cela, qu’est-ce qu’il va faire, combien de temps ça va prendre pour implanter cette super loi qui aura des impacts sur le ministère de l’environnement, des transports, de la santé et des services sociaux, de l’éducation ? » C’est la grande interrogation de Sylvie Germain et Mélanie Lamoureux.

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