À propos du vandalisme…

par Robert Jasmin
À propos du vandalisme…

Les brigades environnementalistes sévissent, depuis quelques semaines, dans différents musées en lançant qui de la soupe de tomates, qui de la purée de pommes de terre sur des oeuvres d’art célèbres heureusement protégées par des vitres. Leur but est évident :alerter la population sur la situation dramatique dans laquelle nous avons plongé la planète en faisant des coups d’éclat. Je me questionne toutefois sur la justesse du choix de leurs cibles. En effet, qu’y a-t-il de plus écologique que la toile d’un peintre ? Le geste même de peindre devrait se retrouver au sommet de la liste des activités non nuisibles pour la planète.

J’aurais, à l’intention de ces militants, une suggestion d’un geste à la fois plus efficace, plus sympathique et plus spectaculaire. Restons pour cela dans le domaine de l’expression artistique spontanée, à l’école des Automatistes : je propose le lancement de gros sacs de peinture (de préférence au moyen d’une catapulte) sur la coque ou sur les flancs des yachts géants et de style prétentieusement « m’as-tu vu » des super-riches de la planète (1). Ces monstres d’étalage d’une richesse honteuse accostent nécessairement un peu partout, histoire de faire le plein de pétrole chez les péquenauds que nous sommes à leurs yeux. À vos sacs !

Soyons sérieux : les vrais vandales, les vrais massacreurs de la planète, ce sont ces ultra-riches qui volent les populations en cachant leur fortune dans les paradis fiscaux, évitant ainsi de faire leur part dans le financement de la santé et de l’éducation. En matière de vandalisme, il est difficile de faire mieux ou – devrais-je dire – de faire pire. C’est plus immatériel en apparence, mais tout aussi réel et criminel que la déforestation systématique de la forêt amazonienne » Il n’y a que l’aveuglement volontaire de nos dirigeants pour éviter à ces vrais vandales d’être condamnés pour crimes contre l’humanité.

Rappelons-nous la destruction par les vandales de l’État islamique, du patrimoine mondial qu’étaient les vestiges de Palmyre en Syrie. Et bien, la nature fait aussi partie du patrimoine mondial et c’est du vandalisme que de la sacrifier sur l’autel du profit maximum pour le 1% d’une population à qui on a réussi à faire croire et accepter que ce profit était normal.

(1) Pour avoir une idée du genre de yachts de croisière et du genre de monde qui les utilise, voir le film Sans filtre, Palme d’or 2022 à Cannes. Jubilatoire !

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Daniel Piché
Daniel Piché
1 année

M Jasmin, vous ne pouvez viser plus juste avec ce commentaire sur les ultra-riches. À ma grande surprise, il est rare de voir de tels commentaires sur ce sujet dans nos grands journaux ici au Québec, au Canada anglais ou même dans le journal Le Monde en France ou le New York Times. Merci et félicitations à nouveau.