Le 12 juin, Manon Arseneault et Éric Trépanier ont ouvert les portes de leur Dépann-Ô-Chalet à Notre-Dame-de-Montauban. Or, le couple a fait beaucoup plus que de créer une entreprise, il a redonné une épicerie aux 800 habitants du village qui vivaient dans un «désert alimentaire» depuis 21 mois.
«On était loin de penser de s’embarquer dans un gros projet comme ça, mais Notre-Dame-de-Montauban est vraiment dans mon cœur», a lancé Manon Arseneault lors de l’ouverture officielle le 25 juin.
C’est en pensant revenir au dépanneur durant des vacances, en 2019, qu’elle et son conjoint, Éric Trépanier, se sont heurtés aux portes closes de l’épicerie. «On était vraiment déçus que les gens fassent beaucoup de kilométrage pour seulement une pinte de lait et un pain. La personne qui servait le gaz nous a dit : “On cherche quelqu’un pour repartir l’épicerie”. Ça nous a vraiment interpellés», a-t-elle raconté. Après un rendez-vous avec le maire Serge Deraspe pour connaître les besoins, le couple a fait faire un plan d’affaires et s’est embarqué dans un projet qui a rallié toute la collectivité, la MRC et au-delà.
C’est aussi tout un coup de dés qu’ils jouaient puisqu’ils quittaient leur restaurant, leur maison et leurs enfants à Deux-Montagnes, à l’ouest de Montréal, pour s’installer à Notre-Dame-de-Montauban, d’où est natif le père de Mme Arseneault et où le couple possède un chalet. Depuis l’ouverture, les remerciements de la population leur confirment qu’ils ont eu raison.
Le dépanneur opérant sous la bannière Beau-Soir est à la fois une petite épicerie, avec comptoir de prêt-à-manger, dont s’occupe en particulier M. Trépanier, qui est cuisinier depuis 30 ans, une station d’essence avec borne de recharge électrique, un dépôt de la SAQ, un bureau d’accueil pour les visiteurs, un lieu d’arrêt également pour les résidants, ainsi que pour les villégiateurs et touristes. «On avait vraiment le gros projet de mettre ça complet, chaleureux. On voulait tout! Même ce que les autres ont pas!» a expliqué Manon Arseneault, précisant leur préoccupation d’accueillir les quadistes et les motoneigistes.
«Depuis plusieurs mois, un travail colossal a été accompli par des gens passionnés et motivés par un objectif commun, soit de créer des conditions visant à assurer la pérennité des services de proximité en alimentation, en essence et accessibilité à du numéraire», a salué le maire Serge Deraspe.
M. Deraspe a profité de la présence de plusieurs élus, dont celle du président du Conseil des élus de la Mauricie, Robert Lalonde, et de la députée de Champlain et ministre du Conseil du trésor, Sonial Lebel, pour faire un vif plaidoyer en faveur des petites municipalités. « Nous entendons parler des régions, des municipalités situées loin des grands centres de services, des mesures déployées par des gouvernements locaux pour attirer de jeunes familles, nécessaires pour le maintien des services municipaux, et des possibilités infinies que permettent maintenant la technologie et ses avancées. Cependant, a-t-il dit, la prémisse essentielle à cette possibilité de réalisation est l’existence de services de proximité dans les milieux visés », a-t-il déclaré.
Le préfet de la MRC de Mékinac, Bernard Thompson, a, lui, souligné la détermination de Serge Deraspe : «Le maire a mis des heures à nous convaincre de l’importance des services de proximité», a-t-il indiqué, reconnaissant que : «Quand on perd une épicerie, on perd l’âme d’un village.»
Pour Fernand Lavoie, président du Comité de promotion et de développement de Notre-Dame-de-Montauban, « le cœur [du village] s’est remis à battre ». «Ensemble, nous avons réussi. Nous y avons mis notre cœur», a déclaré, ému, l’homme d’affaires à la retraite qui a pris la tête de l’organisme créé expressément pour redonner au village un service alimentaire.
Tous ceux qui ont pris la parole ont souligné la collaboration entre les organismes, sans laquelle le projet n’aurait pu être propulsé. Les contributions financières, totalisant 250 000$, ont permis de mettre à niveau et de renouveler l’équipement de l’épicerie. Une subvention de 50 000$ du ministère des Affaires municipales a été attribuée par l’entremise de l’Entente sectorielle de développement en matière de soutien aux services de proximité administrée par la Table des élus de la Mauricie. Un montant de 160 000$ a été obtenu d’un ensemble de programmes administrés par la MRC de Mékinac. Des particuliers et des entreprises y sont aussi allés de leur poche.
La ministre Sonia Lebel a souligné qu’au moins quatre ministres, dont elle-même ainsi que le premier ministre François Legault, ont contribué au «collage d’interventions financières» en puisant dans leur budget discrétionnaire respectif.