La menace de l’UPA de bloquer les sentiers de motoneige et de quad pour faire pression sur le gouvernement dans le dossier de la fiscalité foncière agricole en fait frissonner plusieurs. Mario Chabot, de la Cabane à sucre Chabot à Neuville, craint le pire si la menace des agriculteurs se concrétise. «S’il y a fermeture des sentiers, la Cabane ferme jusqu’au temps des sucres», a-t-il affirmé la semaine dernière. Près de 60% de la clientèle de l’entreprise est composée de motoneigistes et 20% de quadistes. M. Chabot et son équipe accueillent beaucoup de clients depuis le début de l’hiver. Il attribue l’affluence à la belle saison pour la motoneige, mais aussi aux risques de fermeture des sentiers. «Le monde a tellement peur que tout le monde sort, se demandant : est-ce la dernière fois qu’on en fait [de la motoneige]?» a-t-il dit. M. Chabot a rappelé l’apport économique important des motoneigistes et quadistes pour Portneuf. Lors des journées les plus achalandées, plus d’une vingtaine d’employés travaillent au sein de son entreprise. «On nous avait dit qu’on ne nous prendrait plus en otages. Nos élus font quoi? On espère que les élus vont régler le conflit» a ajouté M. Chabot. Litige entre l’UPA et Québec L’Union des producteurs agricoles (UPA) a menacé de bloquer dès le 1er février les sentiers de motoneige, de quad et de ski de fond qui passent sur les terres des agriculteurs, si des progrès significatifs ne sont pas constatés dans le dossier de la réforme du PCTFA. Le gouvernement Couillard a annoncé en mars dernier dans son budget qu’il procéderait à une réforme administrative du Programme de crédit de taxes foncières agricoles (PCTFA), afin d’en simplifier ses modalités et qu’il en transférerait la gestion à Revenu Québec en 2017. Le Programme vise à aider financièrement les propriétaires d’exploitations agricoles enregistrées afin de compenser les investissements importants nécessaires à ce secteur de l’économie. Tandis que le gouvernement laisse entendre que peu d’entreprises connaîtront une hausse supérieure à 30% de leur facture suite à la réforme, l’UPA soutient que les changements apporteront une hausse moyenne de 30% à 40% de la facture assumée pour plus de 80% des producteurs. Des représentants de l’UPA ont manifesté leur mécontentement à l’Assemblée nationale en novembre dernier et face au ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, lors du Congrès de l’UPA en décembre. «Ce qui me désole, c’est de ne pas avoir d’écoute, c’est un dialogue de sourds. On ne demande pas la lune! Nous voulons être écoutés, être capables de discuter et de nous faire comprendre», a dit Philipe Alain, président de l’UPA de Portneuf. Le syndicat demande de reporter la réforme du PCTFA et de réunir tous les intervenants concernés pour trouver des solutions durables. Un expert fiscaliste indépendant a été engagé par le gouvernement pour mesurer les répercussions financières de la réforme sur les entreprises agricoles. Le dépôt de son rapport au gouvernement est prévu pour la fin février.