Veiller aussi au bien-être humain en milieu agricole

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Par Steeve Alain
Veiller aussi au bien-être humain en milieu agricole

Mme Lafleur et Philippe Roy, diplômé d’un doctorat en travail social, ont fait part des résultats de leurs recherches relativement à la détresse psychologique et au stress vécus par les agriculteurs.

Selon Mme Lafleur, les taux de stress, de détresse psychologique et d’idées suicidaires sont plus élevés chez les agriculteurs qu’en général chez les hommes des mêmes tranches d’âge. 

Elle a indiqué que les données ne sont pas à jour au Québec au sujet du taux de suicide chez les agriculteurs. Il était à une certaine époque deux fois supérieur à la moyenne.

La charge de travail 365 jours par année – particulièrement au printemps -, le manque de temps pour des vacances, l’imprévisibilité de la météo, les préoccupations financières, la relève et la paperasse représentent quelques-uns des facteurs de stress des agriculteurs, selon les recherches.

Mme Lafleur a signalé la complexité du travail agricole comme autre irritant. «Avant, diriger une entreprise laitière, c’était comme conduire une voiture des années 60. Aujourd’hui, c’est conduire une F1», a-t-elle illustré.

L’enchevêtrement travail-famille constitue une particularité du monde agricole. «L’individu vit dans son milieu de travail et travaille dans son milieu de vie», a souligné Mme Lafleur. Résultat, quand des «pépins» surviennent, il y a un manque d’espace «pour faire sortir la vapeur», selon la spécialiste. 

De plus, les agriculteurs craignent de faire part de leurs sentiments. Philippe Roy utilise la phrase «les hommes n’ont pas d’émotions… et les agriculteurs encore moins», pour illustrer son propos.

La masculinité des agriculteurs empêcherait certains de demander de l’aide, tandis que d’autres estiment «mal vu» de prendre des congés.

Des producteurs agricoles ont été rencontrés par les chercheurs. Mme Lafleur a aussi analysé des dossiers de suicide.

Les deux experts ont rappelé que les agricultrices vivent aussi du stress, mais qu’elles sont plus aptes à demander de l’aide.

Les conférences étaient proposées en lien avec la Journée mondiale de prévention du suicide. L’activité organisée par l’Arc-en-Ciel, le CIUSSS et l’UPA n’a rassemblé qu’une vingtaine de personnes, dont peu d’agriculteurs. 

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