L’univers fascinant du dindon sauvage

Photo de Michel Therrien
Par Michel Therrien
L’univers fascinant du dindon sauvage

Au cours des dernières semaines, l’existence du dindon sauvage a fait réagit largement l’opinion publique. Étant familier avec cet oiseau (il y en a 25 en permanence sur les terres de notre famille), j’ai été un peu surpris d’entendre les propos du maire de Louiseville qui invitait publiquement ses citoyens à régler le cas de l’un d’eux à l’aide d’un… bâton de baseball.

Cet autre fait divers m’a rappelé comment l’être humain avait encore tendance à » démoniser» les animaux comme les loups, les ours et dorénavant les dindons. C’est en 1976 que les premiers dindons sauvages québécois sont observés et la première nidification a été confirmée en Estrie en 1984. Depuis, les populations se sont étendues et le gouvernement a même procédé à des lâchers de dindons dans certaines régions. Dans la région de Portneuf, il est désormais commun d’en observer un peu partout, et ce, même en bordure des autoroutes. Les dindons affectionnent les champs agricoles, les érablières, les anciens pâturages ainsi que les milieux ouverts proches des rivières et des ruisseaux.

UNE CHASSE DE PLUS EN PLUS POPULAIRE

En 2023 la saison de chasse printanière au dindon a connu un record de popularité avec 21 653 permis vendus et de ce nombre 31 % des adeptes ont obtenus du succès. Il existe plusieurs techniques de chasse afin de pouvoir servir cet oiseau en repas mais pour obtenir du succès, il faut s’assurer de savoir où ces gros volatiles se trouvent. Le clé du succès de cette chasse repose souvent sur la prospection et le repérage. L’idée est de savoir à quel endroit ils se nourrissent et où ils paradent en fin de journée. Puis il faut observer là où ils iront se percher dans un arbre autour afin d’y passer la nuit. En passant la nuit dans les airs, ils échappent à plusieurs prédateurs dont les coyotes et les renards, et les chasseurs qui observent et découvrent des dortoirs augmentent significativement leur potentiel de chance.

UN OISEAU TRÈS THÉATRAL

Au Québec, la chasse au dindon se déroule une demi-heure avant le lever du soleil et ce jusqu’à midi. Dans la région de Portneuf, la saison 2024 se déroulera du 26 avril au 20 mai et cette période coïncide avec l’explosion, chez cette espèce, de comportements ritualisés comme les parades amoureuses. Cette dimension est fascinante car le chasseur peut faire du théâtre avec eux en utilisant des imitations de dindons mieux connus sous le nom d’appelants. Suivant mes expériences, l’usage d’appelants mâles et femelles en combinaison demeure habituellement la technique la plus productive pour déjouer un beau mâle que nous surnommons des » TOMS «. Un défi significatif que l’on rencontre également en chassant l’orignal est celui de faire approcher un grand mâle dindon qui est déjà accompagné d’une femelle. C’est en faisant face à ce genre de défi et dans de telles circonstances que l’appel du dindon bien maîtrisé fera souvent toute la différence.

L’ART DE L’APPEL

Pour appeler le dindon, je recommande l’usage d’un ardoise qui est facile à utiliser et qui se révèle très efficace pour imiter plusieurs appels. Cependant la difficulté rencontrée réside dans le fait que nous devons utiliser nos mains avec l’ardoise et comme les dindons possèdent une acuité visuelle exceptionnelle, il arrive qu’un mouvement de trop de notre part fasse avorter le moment tant entendu. Pour ceux qui réussissent à maîtriser le diaphragme ( languette qui se place entre la langue et le palet) est un appeau très efficace qui permet au chasseur d’avoir les

deux mains libres en tout temps. La clé du succès de l’appel réside dans la pratique et il existe d’excellents vidéos et tutoriels à ce sujet (voir page Facebook Turkeynators). D’expérience j’observe que les plus vieux dindons deviennent très intuitifs avec le temps ce qui ajoute au défi de cette chasse.

Un des aspects que j’aime le plus de cette chasse est le fait que nous assistons souvent à des magnifiques levers du jour avec des sérénades impressionnantes d’oiseaux de toutes espèces qui chantonnent autour. C’est, à mon humble avis, une façon très stimulante et dynamique d’aller faire son épicerie BIO en respirant le grand air. À mes yeux, le dindon est un oiseau magnifiquement adaptatif qui mérite bien plus qu’une mauvaise couverture journalistique.

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