Il faudrait avoir des lunettes drôlement roses pour dire que ça ne va pas si mal dans le monde. La nouvelle année traîne derrière elle les scories de 2023 : une guerre qui s’enlise et se salit en Ukraine; en Palestine, un gâchis humanitaire monumental sur tous les plans issu d’une guerre fratricide entre deux extrémismes plus ou moins religieux; un peuple américain divisé en deux blocs dont un est relativement raisonnable et l’autre, contaminé par la maladie mentale d’un gourou narcissique extrêmement dangereux; une montée de l’extrême droite et une tétanisation de la gauche un peu partout en Europe et en Amérique latine; des environnementalistes qui peinent à se faire entendre par des gouvernements plus préoccupés par leur propre survie que par celle de la planète.
De plus en plus, on vit avec la conviction que tout nous échappe et qu’on subit les événements au lieu de les maîtriser. L’intelligence artificielle dévalorise l’intelligence naturelle au point où cette dernière donne l’impression d’avoir été mise en jachère. Les complotistes coulent des jours heureux, nourris sinon gavés constamment par une manne de fausses nouvelles qu’ils appellent et recherchent comme un alcoolique sa bouteille. Enfin, pour nous éviter le danger de trop réfléchir, on s’assure de l’omniprésence de divertissements à portée de cerveau.
Je vous entends me dire que ce n’est pas là une manière très joyeuse de commencer l’année. C’est vrai si on regarde le monde à la manière de ceux qui conçoivent la vie comme un champ de luttes permanent où la loi des plus forts domine les lois de la justice, où la compétition et non la coopération guide nos choix, où seul compte le résultat immédiat sans égard pour le futur. C’est, hélas !, le portrait que nous offrent les distilleurs de nouvelles.
Mais regardons autour de nous : partout, dans nos sociétés, ce que nous observons le plus souvent ce sont des gens comme vous et moi qui tentent de vivre d’un petit bonheur à un autre avec quelques parenthèses de non-bonheur. Des gens d’entraide et de coopération qui bâtissent des relations humaines de proximité où, le plus souvent, le voisin sert de frère. La vie quotidienne est la seule que nous avons. C’est donc le bonheur au quotidien avec un hasard généreux et un peu de chance qu’il faut se souhaiter !
