2e de 2 — Qu’ont en commun les noms des municipalités québécoises suivantes : La Visitation, L’Annonciation, Saint-Gabriel, Grand Saint-Esprit, L’Assomption ? Les plus vieux d’entre nous répondront spontanément : les cinq villes ont des noms relatifs à la Vierge Marie ! Effectivement, les cinq noms sont des éléments constitutifs du mythe entourant la mère de Jésus et notamment, de sa naissance. Ce mythe, développé et amplifié au cours des siècles, a laissé des traces partout en Occident. C’est le propre des mythes de survivre au temps. Par exemple, ceux qui utilisent l’expression : « Attachez-moi quelqu’un » ignorent probablement qu’elle prend racine dans le mythe de l’histoire d’Ulysse dans l’Odyssée, écrite au 9e siècle avant notre ère. Mais revenons aux mythes entourant Noël, tous reliés à la personne de Marie. Son histoire, que l’on peut décrypter avec les noms des cinq villes québécoises, raconte le destin fabuleux d’une femme obscure tirée de l’anonymat par la grâce de Dieu. De ce mythe s’est construit celui de Jésus qui, tout en ayant existé, a vu sa naissance prendre des dimensions dignes des plus grands récits qui ont façonné l’imaginaire de plusieurs générations d’êtres humains. Pensons à l’étoile qui guide trois riches Rois mages vers une famille pauvre dont la femme vient de mettre au monde un petit garçon sous le regard des anges. Pensons à cette étable, quelque part en Jordanie, où crèchent un âne et un bœuf, et qui servira de lieu d’accouchement à une femme sans abri. Ce lieu qui, chez nous, a souvent pris l’allure d’un baraquement en bois rond entouré de neige que des générations d’enfants ont pris plaisir à dessiner ou même à confectionner avant de lui trouver une place sous l’arbre de Noël. Le tout couronné par le petit Jésus en poupée, transporté religieusement et déposé doucement dans la crèche à la messe de minuit.
Ne pas raconter cette histoire aux enfants présents et futurs serait les priver d’un pan important de notre patrimoine et de ce qui a fait de nous ce que nous sommes. Il n’est pas nécessaire d’être croyant pour estimer une telle richesse dans notre culture. La fête du p’tit Jésus est une occasion en or (dirait le Mage Gaspard) d’accéder à cette culture. Sur ce souhait de transmission, joyeux Noël à toutes et à tous !
(NDLR) La première partie de ce billet a été publiée dans notre édition du 13 décembre 2023