Fringants, lumineux, inspirants et universels

par Robert Jasmin
Fringants, lumineux, inspirants et universels

Karl Tremblay était l’âme d’un groupe dont chacune des parties était essentielle. Ensemble, dans la légèreté d’abord, sans prétention, sans plan de carrière, ils se sont construits avec, comme seuls matériaux, les mots et la musique. Inspirés par la vie du peuple d’ici. Et ce sont ces mots et cette musique que des dizaines de milliers de personnes sont venues chercher l’été dernier sur les Plaines. Tout un peuple s’est reconnu en eux. Un peuple qui n’a pas eu besoin d’une certification issue de «Lasse Végusse» pour rayonner dans toute la francophonie.

Les Cowboys fringants se sont inscrits dans la grande lignée de ces artistes sans lesquels nous ne serions pas devenus ce que nous sommes. Car un peuple ne se construit pas seulement avec des institutions et des infrastructures. Pour vivre et survivre, un peuple a besoin d’une langue et des artistes pour donner un sens à celle-ci. Sans eux, sans les poètes et les musiciens, une langue se réduit à être utilitaire. Il faut que les mots puisent dans les sentiments et l’imaginaire pour s’élever au-dessus du réel. Et, c’est là que l’âme d’un peuple prend forme.

Après les Leclerc, les Gauthier, les Létourneau, les Vigneault, les Pauline Julien, les Renée Claude, les Ferland, les Dufresne, les Beau Dommage, les Colocs et combien d’autres, les Cowboys fringants se sont joints à cette course à relais où chacun bénéficiait du chemin parcouru par les autres pour aller plus loin. Il nous revient la responsabilité de les faire vivre et revivre. Dans les écoles, il faut utiliser leurs textes pour apprendre notre langue et sa poésie à partir de leurs mots.

Dans le monde du sport où, hélas, l’anglais règne chez les sportifs et les spectateurs (Let’s go, les girls! Good job! Di-fense, di-fense! Etc.), il faut faire entendre entre les périodes de jeu ou durant les pauses, Le shack à Hector ou Les étoiles filantes. Il suffit d’un peu de fierté et de détermination, même pas du courage, pour exiger que notre musique ait la place qui lui revient comme on le fait dans des pays «normaux». Ce serait le plus bel hommage que nous pourrions rendre à cet homme trop tôt disparu et que nous aimions tous.

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