Affronter le futur avec des sondages

par Robert Jasmin
Affronter le futur avec des sondages

Nul ne peut imaginer clairement ce que sera notre futur sur cette terre, mais il y a au moins une certitude : nos habitudes de vie seront complètement chamboulées. Reste à savoir si la transition sera harmonieuse ou chaotique. Des hommes et des femmes de toutes les disciplines consacrent leur énergie et leur savoir pour nous indiquer quelques pistes pour éviter le chaos. Il semble toutefois que certains dirigeants soient plus portés à écouter les personnes qui ont en horreur le changement même si celui-ci est nécessaire.

Ces dirigeants ont un futur assez proche, le plus lointain étant l’échéance électorale. Ils auront donc tendance à écouter les sondages plutôt que les experts. C’est facile et c’est surtout commode, car on peut se cacher derrière la raison démocratique : «J’écoute le peuple, moi monsieur !». Or, il arrive quelquefois que le peuple se trompe, qu’il privilégie son confort immédiat même si ça doit le conduire à la catastrophe à plus ou moins long terme. En vraie démocratie responsable, le dirigeant consulte les experts, regarde ce qui se fait ailleurs avec succès et choisit une voie à suivre après avoir expliqué clairement son choix à tous. Ce n’est pas ce scénario courageux que le gouvernement du Québec a choisi en matière de transport.

Tous les experts voyaient le tramway à Québec comme l’incontournable pierre angulaire d’un réseau de transport structurant. Un réseau qui aurait des impacts importants pour l’avenir de la ville, mais aussi pour celui des banlieues et celui de toute la région. J’ai séjourné dans trois villes françaises et dans les trois cas, une majorité de citoyens étaient contre l’implantation d’un tramway. Aujourd’hui, personne ne voudrait revenir en arrière.

La problématique du tramway ne se résume pas à une question d’argent. Elle porte en elle un questionnement fondamental sur le fonctionnement de la démocratie devant les changements importants à venir. Il importe de se rappeler qu’une majorité mal ou sous-informée peut – l’Histoire en regorge – produire le contraire de ce qui est souhaitable et surtout, de toujours garder à l’esprit que le bien commun n’est pas la somme des intérêts individuels. Rien ne l’illustre mieux que le transport en milieu urbain.

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