Cette tranche de vie commence sa grillade lors d’un soir de la mi-juillet 2023, où une alerte d’orages extrêmement violents surplombe la province entière. Rien de mieux que d’être chez soi, n’est-ce pas? Pourtant, je suis chez moi, alité aux soins palliatifs de mon propre appartement, bien pluggé dans le mur par le fil chargeur de mon téléphone cellulaire et par ma main tenant mon soluté, qui ressemble étrangement à un verre de sangria rosée, mais je n’ai envie que de sortir. Il fait soleil présentement, alors vous vous doutez bien que les menaces de l’animateur du bulletin météo régional ne m’atteignent guère, contrairement à son vieux blouson délavé qui aura habilement su attaquer ma vue.
Vous comprendrez que l’été, textuellement, dure trois mois au Québec, mais si l’on compte son passé embarrassant d’intempéries météorologiques, on peut constater qu’elle ne dure qu’un bon mois et trois quarts. C’est pourquoi j’ai toujours ce désir de vouloir en faire plus, de voir plus, de m’amuser plus et de profiter de chaque moment à 100 %. Ce qui, ma foi, n’est pas mauvais. J’ai vraiment un bon fond, n’est-ce pas?
Par contre, ce besoin sempiternel de ne rien manquer me gruge petit à petit. Je m’assume, je souffre de FOMO (Fear Of Missing Out) dont l’équivalent, dans la langue de Molière, serait ‘’la peur d’événemanquer » (Audrey PM, Radio-Canada). ‘’Mais quelle mauviette », s’exclamèrent les murs de ma chambre à coucher, après m’avoir vu écrire ces dernières phrases. J’aimerais bien leur répondre franchement, mais mes voisins, me voyant par la fenêtre, appelleraient sûrement encore les autorités puisque je me chicane seul. Deux fois dans le même mois, c’est ma limite personnelle!
TikTok ne m’aura pas seulement appris à me déboiter les deux hanches, à me disloquer le sacrum en moins de 20 secondes et à m’agenouiller face au fait que je n’ai aucun rythme. L’application bien connue de la génération Z m’aura aussi rappelé que le FOMO est réel. Une idée partagée par une utilisatrice de la plateforme peut s’avérer un bon truc simple et efficace afin de contrer cette peur. Je vous avertis, ce n’est pas le remède miracle, car si c’était le cas, je serais probablement en train de partager son idée révolutionnaire lors d’un TED Talk de renommée devant des dizaines d’investisseurs aux lèvres asséchées et au cuir chevelu poivre et sel. Bref, si je ressens le besoin profond d’aller dehors puisqu’il fait soleil (malgré les réprimandes de Patrice, de Météomédia), je dois me rappeler ces deux choses : est-ce que je DOIS aller dehors et est-ce que je VEUX aller dehors? Si la réponse honnête s’avère négative, je me reprends en main, je respire deux secondes et je ne me plie pas à la pression sociale d’être constamment en mouvement.
Au moment où j’esquisse les dernières lignes de cette chronique, je me fais déranger par un bruit, à l’extérieur de mon appartement, qui s’intensifie chaque seconde, bruit qui m’aura fait perdre mon tempo d’écriture. Je me tourne la tête et je lorgne les cieux, qui sont devenus gris charbon. Le tonnerre et ses éclairs font leurs ravages. Je souris.
J’aime beaucoup te lire Nico