À fragrance de jeunesse

par Nicolas Gaudreault
À fragrance de jeunesse

Quand je pense au début de la vingtaine, je pense notamment aux nuits blanches dans les bars douteux, aux idées parfumées d’insouciance et à la découverte des premières fois. Et quand je me projette dans ma trentaine, je vois toujours cette même verdeur au loin en excluant l’hypothèse de rester la nuit entière à la discothèque, je compte bien avoir de solides maux de dos d’ici là.

Ces arômes de jeunesse qui perdurent avec le temps m’amènent à réfléchir au dicton : ‘’Trente ans est le nouveau vingt ans». Évidemment, je ne fais que spéculer, étant donné que je n’ai que 24 et 3/4 de miche. Du moins, plus le temps avance, plus cette odeur de jeunesse et de pas-pressé-d’avoir-un-deck-de-patio-à-revamper se distingue. Dans le contexte socio-économique actuel, je ne sens aucune pression d’aller décrypter la définition d’hypothèque dans Le Petit Robert ni même d’avoir des visions de ma future progéniture régurgitant le restant de son biberon sur mon nouveau blouson. Chouette!

Tout a commencé avec l’apparition de ma première ride. C’est toujours un événement traumatisant, qu’on le veuille ou non, mais jamais autant que la première fois où tu te fais dire que t’a un pinch mou en plein cours de math de secondaire 3 et que la seule solution immédiate est de te l’arracher au ruban adhésif. Bref, ladite ride est apparue tel un cumulonimbus en une journée chaude humide de juillet après que ma grande chum de fille m’ait fait sourire. Lorsque mon jeune sourire narquois eut disparu, cette ride, que l’on peut fortement qualifiée d’abysse épidermique par sa profondeur, eut l’audace de rester étampée sur mon faciès. Ce qui, du haut de mes 24 ans, m’a déplu. C’est pas toujours facile de se voir vieillir, mais quand on sait que l’idée de la jeunesse peut se perpétuer au-delà de la prochaine dizaine, c’est rassurant tout de même!

Donc, pour moi la trentaine est une mise à jour de la vingtaine avec de nombreux avantages! Premièrement, je ne serai pas autant paumé qu’à mes 20 ans, où je me gavais à raison d’un minimum de deux fois semaines des macaronis à la boite de carton et/ou de ramens qui, avec du recul, étaient un peu secs. Deuxièmement, il n’est plus urgent d’avoir une maison à rénover, deux enfants, ainsi qu’un jeune rottweiler mal léché pour avoir réussi à la vie. À notre nouveau 30 ans, le but est d’avoir soit réussi ou bien d’entamer la réussite de sa propre vie, non pas celle définie par les normes. Finalement, c’est aussi, car notre intelligence se développe d’une belle façon. On passe d’une intelligence liée à ce que nous avons appris à l’école et pendant notre adolescence à une intelligence beaucoup plus émotionnelle et rationnelle avec les obstacles qu’amène le début de la vie adulte.

Encore une fois, il m’est impossible de parler pour tout le monde, mais ceux qui osent m’adresser la parole semblent du même avis, soit que 30 ans est le nouveau 20 ans. Cependant, ce passe-droit là ne durera qu’une décennie, car je compte bien criser dès que j’ai 40 ans!

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