À nouvelle ère, nouvelle guerre !

par Robert Jasmin
À nouvelle ère, nouvelle guerre !

Durant toute mon enfance, j’ai souvent entendu mes parents et grands-parents raconter comment ça se passait durant la guerre. Plus vieux, j’ai pu traduire avec, les mots qui convenaient, la réalité de cette période : les tickets d’alimentation, la privation de certaines libertés, les sacrifices financiers, etc. Je me suis souvenu de ce tricycle vert kaki reçu en cadeau à Noël dont on disait qu’il n’y avait pas d’autres couleurs disponibles, guerre oblige ! Les gens se soumettaient en se disant que c’était un dur moment à passer et que «bientôt, les choses reviendraient à la normale».

Le «bientôt» a duré cinq ans et, effectivement, les choses sont revenues à la normale. Voilà une phrase impossible à dire aujourd’hui. Les changements climatiques nous font entrer dans une période dont on sait qu’aucun «retour à la normale» ne sera possible. D’autant plus que ce que nous considérions comme normal, ne l’était absolument pas. Nous avons vécu dans l’utopie totale. Nous avons consommé comme si la Terre pouvait nous le permettre indéfiniment. Un jour, les survivants reverront des films de notre époque et pourront juger à quel point nous étions stupides et inconscients. Si une image vaut mille mots, prenons celle d’une moto marine sur un lac : un engin qui n’est pas un moyen de transport, qui pollue (à plusieurs égards) et qui n’a été créé que pour ceux qui éprouve un trip à faire du bruit et de la vitesse sur l’eau. Enfants, notre trip à nous c’était une tripe de roue de camion sur l’eau.

L’ère dans laquelle nous sommes entrés est celle des grandes questions existentielles. La lutte aux changements climatiques nous amène à des changements radicaux. Ce n’est pas un choix idéologique, c’est un nouveau changement de style de vie qui remet en question tout ce que nous prenions comme des droits acquis. Nous devrons questionner notre modèle démocratique et déterminer la place qu’occuperont les experts dans les choix obligés auxquels nous feront face : pourra-t-on laisser à des politiciens élus pour quatre ans et qui veulent être réélus le choix d’élaborer des politiques basées sur les caprices des électeurs ? Je n’ai pas de réponse à cette question que nous devrons collectivement débattre. Je sais que nous devrons nous rappeler la promesse électorale de Cherchill au début de la guerre : «Je ne vous promets que du sang, de la sueur et des larmes !» C’est une telle radicalité qui a conduit à la victoire.

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