Les enseignants de Portneuf manifestent et dénoncent les problèmes de composition des groupes

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Par Stéphane Pelletier
Les enseignants de Portneuf manifestent et dénoncent les problèmes de composition des groupes
Sans convention collective depuis le 1er avril, le personnel enseignant déplore que la partie patronale refuse encore de parler de ses priorités. (Photo : Offerte par le SEP)

Le 1er juin, des membres du Syndicat de l’enseignement de Portneuf (SEP-CSQ) étaient réunis près des bureaux du Centre de services scolaire de Portneuf. Cette action de visibilité avait pour objectif de sensibiliser l’administration et la population aux problèmes découlant de la composition des groupes. 

Les deux enjeux majeurs de la brève manifestation étaient la composition de la classe et la tâche. « Aussitôt qu’on ajoute des élèves avec des particularités, automatiquement, ça enlève du temps d’enseignement. C’est l’objectif de notre sortie là-dessus. L’enseignant se retrouve à faire de la gestion de classe ou de gestion de mesures d’adaptation plus souvent que d’enseigner comme il devrait le faire », affirme Isabelle Paulin, présidente du SEPCSQ.

Diminution du temps de classe

D’ailleurs, la FSE-CSQ a mené une vaste enquête auprès de ses membres afin de brosser un portrait des classes au Québec. Ce sont plus de 10 000 enseignantes et enseignants qui ont répondu à l’appel de leur fédération syndicale. Ils estiment que près d’un élève du primaire sur deux n’a pas un cheminement normal pour son âge et son niveau scolaire. Il en ressort également qu’environ 40 % du temps en classe n’est plus consacré à l’apprentissage de qualité et que les enseignants doivent composer, en moyenne, avec cinq plans d’intervention, cinq élèves en difficulté et quatre élèves ayant des mesures d’adaptation. Au secondaire, les proportions sont les mêmes avec des groupes plus nombreux.

Un réel défi

« La ségrégation scolaire s’est accentuée à tel point que la classe ordinaire n’existe plus vraiment ! Tant le privé que les projets pédagogiques particuliers, tels qu’ils sont organisés, écrèment les classes de leurs élèves les plus performants. En y ajoutant des élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage, sans leur offrir des services à la hauteur de leurs besoins, tout est en place pour que ces groupes constituent un réel défi, même pour les enseignantes et les enseignants d’expérience. Concrètement, on exige dorénavant du personnel enseignant de multiplier les mesures d’adaptation comme s’il avait la charge d’une classe d’adaptation scolaire. On souhaite tous pouvoir contribuer pleinement à la réussite de nos élèves, mais il faut nous offrir des conditions d’enseignement qui y sont favorables ! », dénonce Mme Paulin. 

Une tâche plus lourde

C’est pour exprimer cette réalité que des membres du SEPCSQ ont manifesté vêtus de chandails de différentes couleurs, servant à représenter les différents profils d’élèves qui composent les classes du Québec. Le vert figurait les élèves qui cheminent normalement dans un groupe. Le jaune et le rouge représentaient respectivement ceux qui nécessitent des interventions fréquentes ou constantes. 

 « Il y a aussi un lien avec la tâche. Au fil des années, il y a beaucoup de choses qui se sont ajoutées dans la cour des profs », souligne la présidente en citant les nombreux rapports et la concertation avec les différents intervenants.  

Améliorer le quotidien

Sans convention collective depuis le 1er avril, le personnel enseignant déplore que la partie patronale refuse encore de parler de ses priorités. « Qu’ils aient quelques mois d’expérience ou trente-cinq années d’expérience, les enseignants sont d’avis que les groupes difficiles ne devraient pas être une fatalité. Ils ne devraient pas avoir à vivre la crainte en début d’année de se voir affecter le groupe qui mettra fin à leur carrière. Plutôt que de tenter de les retourner les uns contre les autres pour excuser son inaction, l’employeur devrait faire l’effort de prévenir la composition de groupes à défis particuliers. Pour l’instant, la partie patronale ne veut rien entendre, bien que ce soit la clé qui permettrait d’améliorer le quotidien des profs ! », soutient Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ. 

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