Une histoire de monstres

par Robert Jasmin
Une histoire de monstres

Lorsque le poète grec Homère décrit le voyage mythique d’Ulysse dans l’Odyssée, il fait vivre à son héros des événements qui mettent à l’épreuve son courage et sa force. Entre autres, Ulysse et ses compagnons doivent affronter le monstre Charybde. Ils peuvent le contourner, mais alors, ils n’ont pas le choix d’affronter Scylla, un autre monstre. C’est cet épisode de l’Odyssée qui a donné naissance à une expression encore utilisée de nos jours lorsque les choses vont de mal en pis. «Tomber de Charybde en Scylla», peut-on alors s’exclamer. Je n’ai pu m’empêcher de penser à cette expression en voyant ce qui se passe chez nos voisins du sud.

L’espoir revenait lorsqu’un jury a reconnu Donald Trump coupable de viol, il y a un mois. Ajoutons au compte de l’espoir que de très sérieuses accusations très diverses vont pleuvoir bientôt sur celui qui s’est toujours moqué de la justice et qui, par son argent, a réussi à s’en tirer durant toute sa vie de criminel. Corruption, fraudes à répétition, intimidation de témoins, incitation au renversement d’un gouvernement démocratique, sédition et j’en passe. On reprenait foi dans la démocratie et de la règle de droit. On se disait que la fin du cauchemar était proche. C’était, hélas, sans compter sur la gangrène sociale qui s’est développée durant le trop long règne de cet apprenti despote. Scylla se pointait à l’horizon.

Les métastases du cancer Trump se sont répandues partout dans la société, de son électorat devenu une secte aveugle, aux juges d’extrême droite qu’il a nommés à la Cour suprême. Le terrain était prêt pour qu’y pousse un sous-Trump, le gouverneur de la Floride, Ron de Santis. Ce dernier, qui doit sa victoire floridienne à l’appui et au soutien de Trump, joue les Brutus en se présentant aux primaires républicaines contre son mentor. Il voudrait étendre ses politiques néfastes imposées à la population de Floride, à la grandeur du territoire. De Santis n’a pas le niveau d’ignorance de Trump ni son côté clown, il est moins spectaculaire, mais plus fin renard, plus pernicieux. Les lois qu’il vient de faire passer en Floride donnent froid dans le dos par leur côté fasciste. La partie saine de l’électorat américain trouvera-t-elle la force et la droiture d’Ulysse pour vaincre à la fois Charybde et Scylla ? On ne peut que le leur souhaiter.

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