Celles qui mettent le monde au monde

par Robert Jasmin
Celles qui mettent le monde au monde

Le titre de mon billet est tiré d’une phrase-leitmotiv de la pièce Celles-là, écrite et présentée par Suzie Paquet à Cap Santé la semaine dernière. Tout un tour de force : l’’histoire de l’humanité au féminin jouée par 22 comédiennes de 17 à 76 ans, originaires de 11 municipalités de la région de Portneuf. Un spectacle de plus de deux heures qui nous fait revivre la longue marche des femmes vers le respect et l’égalité. Une marche qui est loin d’être terminée si l’on tient compte de la mainmise patriarcale souvent totale dans certains coins de la planète.

Même si on croit connaître les étapes de cette longue marche, il est bon de se faire rappeler à quel point les femmes ont aussi fait l’histoire. Sans recevoir toutefois la considération qu’elles méritaient lorsqu’elles évoluaient dans l’ombre des hommes comme on les a trop souvent présentées dans cette histoire écrite par des hommes. Ainsi, on a retenu les noms des grands hommes qui guerroyaient en récoltant le titre de « héros », mais on taisait les noms de toutes ces femmes héroïques qui continuaient la vie dans l’adversité et sans lesquelles les « héros » se seraient retrouvés sans foyers.

Ce sont elles, ces héroïnes sans nom qui ont fabriqué le tissu social, à qui l’on doit une grande part de ce qu’on appelle la civilisation. Nous devons à ces travailleuses anonymes d’avoir été soignés, éduqués, consolés. Nous leur devons de pouvoir nous dire en démocratie, car avant qu’elles fassent irruption sur la scène politique en se battant pour leur droit de vote, les hommes se leurraient en se disant libres. Nous ne sommes pas libres lorsque la moitié des personnes d’une société ne l’est pas.

Le combat pour l’égalité continue pour une partie importante de l’humanité aux prises avec un pouvoir patriarcal et/ou religieux. Mais, pour conclure sur une note tragi-comique, il faut convenir, que certaines femmes ont manifestement mal compris le principe d’égalité : vouloir être égales ne veut pas nécessairement dire être identiques. Quand les hommes ont un comportement déplorable, les femmes n’ont pas à le reproduire. C’est le cas, par exemple, dans l’actualité américaine cette semaine où, parmi les candidats trumpistes les plus minables et dangereux, se trouvent trois ou quatre femmes profondément machistes, dont une qui se présente dans les assemblées publiques avec son fusil d’assaut. La longue marche des femmes mérite des héroïnes d’une plus noble nature.

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Dominique Savard Dominique
Dominique Savard Dominique
1 année

J’adore Robert Jasmin .