Faciliter la réinsertion sociale et l’employabilité grâce à l’enseignement au pénitencier de Donnacona

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Par Benoit Laganière
Faciliter la réinsertion sociale et l’employabilité grâce à l’enseignement au pénitencier de Donnacona
L’école du pénitencier de Donnacona offre des cours depuis 36 ans. (Photo : Benoît Laganière)

L’école du pénitencier de Donnacona a accueilli cette année plus de 55 % (115 élèves) de la population carcérale, qui y passe d’une à quatre demi-journées par semaine. Elle est ouverte depuis l’implantation de l’institution il y a 36 ans et est localisée dans trois sections principales du bâtiment. Les élèves peuvent y suivre presque tous les cours leur permettant de compléter leur diplôme d’études secondaires. 

L’école est basée sur le modèle de la formation générale aux adultes, où les cours sont donnés en groupe ou sont individualisés. Neuf enseignants, relevant du Centre de services scolaire de Portneuf, se mobilisent dans leurs spécialités pour offrir ce service aux élèves qui sont en majorité dans la jeune vingtaine. Le niveau scolaire des élèves est très variable, allant des services d’alphabétisation, au présecondaire ou au secondaire. De 30 à 40 % des élèves présentent des difficultés d’apprentissage et souffrent d’un trouble du déficit de l’attention.  

L’Établissement offre aussi divers programmes afin de faciliter leur réinsertion sociale et en lien avec le service d’employabilité. Ils peuvent suivre une certification telle signaleur routier, travail en hauteur, hygiène et salubrité pour l’industrie agroalimentaire, ISO 9001, ASP construction, RCR… Les élèves peuvent même effectuer des stages à l’interne comme aide-cuisinier, aide-buandier ou assembleur de pièces mécaniques, ce qui leur donne accès à un certificat de formation à un métier semi-spécialisé. L’école offre aussi des tests permettant l’accès à des formations professionnelles, un service de préparation au marché du travail et des outils afin de faciliter l’accès aux études postsecondaires. 

Luc Tremblay, directeur adjoint de l’école affiliée au Centre de services scolaire de Portneuf et Nancy Perreault, directrice adjointe aux interventions internes du Centre de services correctionnel de Donnacona. Photo – Benoît Laganière

Un temps d’arrêt 

« L’incarcération signifie un temps d’arrêt pour un individu, et pendant ce temps d’arrêt, on veut qu’il soit sensibilisé et motivé à utiliser le temps disponible pour se former, développer de nouvelles connaissances et des compétences. On veut qu’il améliore son savoir-être avec les autres et qu’il se donne une routine aussi simple que de se lever le matin et de venir à l’école, ou au programme. On veut leur inculquer une rigueur tout en ayant le plaisir d’apprendre. On veut les aider à devenir des citoyens respectueux des lois, car c’est la base de la mission du Service Correctionnel du Canada », expliquent Luc Tremblay, directeur adjoint de l’école affiliée au Centre de services scolaire de Portneuf et Nancy Perreault, directrice adjointe aux interventions internes de Services Correctionnel du Canada. 

 

Vivre de petites réussites 

« Certains n’ont jamais connu de réussite scolaire de leur vie. On veut casser le mauvais souvenir de l’école afin de les amener à des petites réussites scolaires rapides. On veut qu’ils aient une meilleure estime d’eux-mêmes et qu’ils réalisent de quoi ils sont capables. Souvent, les élèves mentionnent que c’est la première fois qu’ils ont un encouragement dans leur vie et qu’ils ont réussi quelque chose qu’ils n’ont jamais été capables de réaliser. On veut leur donner confiance et des outils. Le contexte humain leur permet de relaxer et de se concentrer sur eux-mêmes et sur l’apprentissage. Ils nous indiquent qu’ils auraient aimé vivre cette expérience actuelle quand ils étaient jeunes et qu’ils subissaient à ce moment-là de multiples échecs scolaires et d’énormes difficultés dans leur vie personnelle », ajoutent-ils. 

Sortir du cadre 

« Les enseignants essaient de faire vivre aux élèves des activités qui sortent du cadre strictement scolaire telles une participation au programme Papa, raconte-moi une histoire ou une participation au concours Ma plus belle histoire. Toute l’équipe est professionnelle, impliquée et n’hésite jamais à s’entraider », concluent-ils. 

Chaque personne incarcérée est rencontrée à son arrivée afin de se voir offrir l’école, les programmes sociaux ou un travail au sein de la population carcérale.

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