3,3 M$ pour tirer plus du charbon de bois

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Par Denise Paquin
3,3 M$ pour tirer plus du charbon de bois
Le président de Feuille d'Érable Charbonnerie ancestrale, Sylvain Naud, à droite, présente fièrement le nouveau produit Biochar en compagnie du ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, et du député Vincent Caron. Photo – Denise Paquin

Feuille d’Érable Charbonnerie ancestrale poursuit sa valorisation des résidus du charbon de bois avec un investissement de 3,3 M$ et un nouveau produit, le Biochar.

Les propriétaires ont annoncé, le 21 octobre, leur projet visant à améliorer les procédés de production afin de récupérer et transformer tout ce qui sort des fours à charbon, des morceaux trop petits pour le BBQ aux poussières fines, qui représentent 10 à 15% de la production. L’objectif est de les vendre dans de nouveaux segments du marché, comme les biomatériaux ou le charbon horticole.

Selon le directeur général Daniel Matte, 1000 tonnes pourraient ainsi être transformées en Biochar annuellement. Quatre à cinq emplois seront créés dans l’entreprise qui en compte déjà 30.

Projet majeur

Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, a qualifié le projet de «majeur» pour l’industrie forestière et Sainte-Christine-D’Auvergne.

En annonçant une subvention de 625 065$ du Programme Innovation Bois, il a souligné que le projet contribuera également à diminuer l’impact environnemental de l’usine.

Le ministre a aussi indiqué que le projet atteint complètement les objectifs du programme, réévalué par le gouvernement en 2018, qui vise à encourager l’innovation dans l’utilisation de la fibre de bois, la diversification des produits forestiers et le maillage d’entreprises privées et de centres de recherche.

«Lorsqu’on investit avec le programme innovation bois, il y a une grosse étude qui se fait au ministère sur la valeur économique de l’innovation et sur le marché. On est aux balbutiements du marché du biochar», estime le ministre qui a ajouté que le projet est «majeur pour un petit milieu qui va pouvoir grandir».

Le député Vincent Caron n’a pas caché lui non plus sa satisfaction de voir «un des fleurons de Portneuf» innover et perpétuer l’industrie du bois, une industrie fondatrice de la région. Il a souligné le maillage entre Feuille d’Érable Charbonnerie ancestrale et Scierie Dion qui permet de récupérer et d’utiliser de la biomasse. «Aujourd’hui, on voit que rien de se perd», a-t-il dit.

Biocharbon : produit d’avenir

Après avoir ouvert en 2017 la filière du noir de charbon, utilisé comme colorant du plastique dans l’industrie automobile, notamment le F-150, le biocharbon de Feuille d’Érable Charbonnerie ancestrale fait son entrée dans le secteur horticole avec un premier produit, le Biochar.

La mise en marché du Biochar est maintenant possible en raison d’une modification de la règlementation, a indiqué le président Sylvain Naud. Le printemps dernier, le gouvernement a modifié la loi qui interdisait l’épandage de cendres dans les champs.

«La demande est très intéressante. Il y a extrêmement de potentiel», a déclaré Sylvain Naud. Il prévoit déjà une percée américaine pour le Biochar au Texas, où la saison de culture s’étend sur toute l’année. M. Naud rêve aussi de voir le biocharbon remplacer éventuellement le charbon minéral dans la production de charbon activé.

«Si vous portez attention, vous pouvez en avoir dans votre shampoing, votre dentifrice, les absorbants d’odeur, les filtres à eau, les filtres à air. Les usines d’épuration de toutes les municipalités utilisent du charbon activé, mais il vient du charbon de terre. Avec tout ce qu’on est en train de produire, éventuellement ce sont des choses qui peuvent devenir bien intéressantes pour un résidu de la forêt qu’on peut valoriser», a-t-il avancé.

Le Biochar, c’est quoi ?

Le Biochar n’est pas vendu comme un engrais, même s’il contient des nutriments, mais un amendement.

Le mélange à base de biocharbon n’accroit pas directement la fertilité du sol. Selon les résultats d’études effectuées avec la spécialiste Suzanne Allaire, de l’entreprise d’experts-conseils GECA Environnement, il rend le sol plus fertile en modifiant ses capacités physiques, car le biochar retient l’eau dans ses microcavités.

En agissant comme une éponge, il ralentit la dispersion du compost ou des engrais dans le sol et permet, au final, de réduire l’utilisation d’engrais. «Ça maximise tout ce que vous mettez dans votre sol, le compost, les mycorhizes», affirme Mylène Robitaille, directrice des ventes chez Feuille d’Érable Charbonnerie ancestrale.

Le Biochar peut être utilisé aussi bien en horticulture, dans le potager, les fleurs, lors de l’ensemencement d’une pelouse, que dans les grandes cultures. Mme Robitaille ajoute que d’autres compositions à base de biocharbon pourraient s’appliquer à d’autres secteurs : «On pourrait en mettre dans les poulaillers, ça va éviter des maladies de pattes aux animaux, illustre-t-elle. Plus il y a d’études qui se font, plus ont voit d’utilisations et d’effets bénéfiques différents.»

Biochar est déjà disponible dans des jardineries de la région et à Québec. Il sera bientôt distribué par un grossiste en horticulture au Québec et en Ontario.

 

Le député Vincent Caron se réjouit de voir «un des fleurons de Portneuf» innover et perpétuer l’industrie du bois, une industrie fondatrice de la région. À sa gauche, le ministre Pierre Dufour et le président de Feuille d’Érable Charbonnerie ancestrale, Sylvain Naud. Photo – Denise Paquin
Le président de Feuille d’Érable Charbonnerie ancestrale, Sylvain Naud, et son équipe ont fait faire la visite de l’usine au ministre des Forêts Pierre Dufour et au député Vincent Caron. Photo – Courtoisie

 

 

 

 

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