Une loi « raciste » ?

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Par Denise Paquin

L’adoption, il y a 40 ans, de la loi 101 faisait du Québec, un pays normal. En décrétant le français, seule langue officielle, le Québec imposait la loi de la majorité, comme dans toute démocratie. Avec l’affichage français, il donnait un message clair aux nouveaux arrivants : ici, ça se passe en français. Si les immigrants arrivaient à Saskatoon ou à Cleveland l’affichage anglais leur disait qu’ils étaient en territoire anglophone. Nous ne faisions que ce que les autres faisaient. Par ailleurs, si je m’installe en Ohio, je ne m’attends pas à ce que les taxes locales paient pour une école française : je m’adapte et je mets mes enfants dans une école anglophone. Mais en 1977, notre volonté démocratique de devenir normaux n’a pas plu à tout le monde. La revue Maclean’s de Toronto a traité monsieur Lévesque de « nain » et de « fanatique dans un smoking loué ». Certains journaux américains ont parlé d’une loi raciste (mais les gouverneurs de certains États vinrent prendre conseil ici car ils estimaient nécessaire de se protéger contre l’espagnol ! ). Même si la loi 101 préservait tous leurs droits, 200 000 anglophones quittèrent le Québec, incapables de vivre dans un pays français. D’autres sont restés et se sont adaptés tout en contestant la loi devant la Cour suprême. Les honorables juges de cette cour fédérale ont alors pris un malin plaisir à charcuter notre loi et à plusieurs reprises. Ne nous faisons pas d’illusions : la Charte de la langue française découlant de la loi 101 a été adoptée malgré l’opposition du Québec anglophone et du Canada. On nous a traités de xénophobes intolérants et racistes alors que nous ne faisions que prendre notre place au soleil comme le faisaient les Mexicains en parlant espagnol ou les Brésiliens en parlant le portugais. Les tentatives de culpabilisation du peuple québécois n’ont pas réussi à nous faire renoncer à notre identité. Notre nous tenions debout et nos politiciens faisaient de même. Le temps a passé. Le Canada a fini par s’accommoder de vivre avec un Québec résolument francophone et les immigrants ont fait des enfants qui ont adopté notre langue et même notre accent. Le combat est toutefois loin d’être terminé, nous sommes condamnés à la vigilance et à la résistance. Mais il nous faut surtout rendre le français attrayant, l’exiger partout au Québec et en toutes circonstances et, surtout, le respecter soi-même. La semaine prochaine : Le renforcement par l’école.  

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