Le Projet Sedna: quand l’art se porte à la défense de l’environnement

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Par Denise Paquin
Le Projet Sedna: quand l’art se porte à la défense de l’environnement

C’est en prenant racine dans Portneuf il y a deux ans que les jeunes femmes ont découvert l’enjeu du transport pétrolier soulevé par le projet de TransCanada. 

Militantes au sein du Mouvement STOP-Oléoduc, elles s’engagent maintenant à travers leur art. «On s’est demandé comment être plus efficaces pour que le message ait une plus grande portée: à travers les arts plastiques», explique Claudie Tremblay, donnant le coup d’envoi à une conversation animée avec son amie Émélie Harlaux, alias Mimi Traillette, et la journaliste.

Ainsi est né le Projet Sedna, une exposition à quatre mains, collective et ambulante qu’elles veulent déployer dans les régions du Québec visées par TransCanada, dont Portneuf si un lieu d’exposition leur ouvre ses portes. 

Les artistes affirment que le Canada et le Québec font fausse route en poursuivant le développement de l’industrie pétrolière. L’extraction et le transport des hydrocarbures font courir des risques trop grands à la terre et au fleuve, aux humains comme aux animaux. 

Elles veulent également combattre le défaitisme ambiant. Nombreux sont ceux qui pensent qu’ils ne peuvent rien faire, que les dés sont joués, disent-elles. «Trans Canada envoie des trucs qui font que les gens pensent que tout est fait. Si tout le monde dit non très très fort, le gouvernement est supposé de travailler pour nous», affirme Mimi Traillette. «Il faut décrier ce qu’on ne veut pas. On a le choix de s’affirmer», renchérit Claudie Tremblay. 

L’objectif du Projet Sedna est d’«inspirer les gens, leur faire réaliser ce que l’on a pour le protéger». Les jeunes femmes ont aussi associé leur démarche au manifeste Élan global, un collectif indépendant qui s’oppose à la poursuite d’un développement fondé sur l’industrie pétrolière.

Oeuvre collective 

Les artistes ont rallié leur langage artistique propre pour créer une œuvre conjointe. Celui de Mimi dérive de la BD, dont elle raffole. Elle décrit comme de la «sculpture soft» ses créations en tissu rembourré et ses installations. Peintre, Claudie a développé un langage plus abstrait en deux dimensions. 

À la recherche d’une trame narrative, le duo a découvert la légende inuit de Sedna. Elles ont vu dans l’histoire de cette princesse au destin à la fois tragique et créateur une métaphore de l’impact de l’industrie pétrolière sur l’environnement. 

La légende qui a inspiré à Jean Lemire le nom de son bateau raconte la création de la faune marine, conséquence d’une lutte entre la déesse et son mari, le corbeau, que les artistes associent à l’industrie pétrolière. 

Elles ont conçu une installation participative qui sera dévoilée lors d’une résidence à la Maison Rioux, au Parc national du Bic, du 10 au 16 août. 

Une poupée grandeur nature représentant la déesse Sedna est le pivot de l’exposition. Autour d’elle gravitent des animaux de la mer – baleines, phoques, etc. – que les visiteurs seront invités à suspendre dans une démarche de médiation culturelle. L’exposition sera aussi filmée et documentée pour s’enrichir à chaque étape. Les gens pourront suivre son évolution sur Facebook. 

Mimi Traillette et Claudie Tremblay préparent aussi la performance qui lancera l’exposition. L’événement, une expérience visuelle et sensitive sur le thème du «brut», ne devrait pas laisser les gens indifférents, disent-elles. «Il faut faire prendre conscience et mon objectif c’est de toucher aussi les gens qui ne partagent pas mon opinion», déclare Claudie Tremblay.

La peintre donnera un aperçu du projet dans son exposition de tableaux qui prend l’affiche cette semaine au Moulin Marcoux de Pont-Rouge. 

 

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