Êtes-vous sérieux lorsque vous dites que les coupes demandées aux commissions scolaires peuvent se faire sans toucher aux services aux élèves (Le Devoir du 16 janvier 2015)? Oser émettre une telle affirmation, c’est être complètement déconnecté de ce qui se passe dans les écoles du Québec! Vos nouvelles demandes vont créer dans plusieurs milieux des conséquences désastreuses pour les élèves… Tous les élèves!
Votre position strictement comptable oblige les dirigeants de notre commission scolaire à prendre des décisions malheureuses. Par exemple, on nous a annoncé dernièrement le retrait d’un groupe particulier de notre école (école secondaire de Donnacona), visant à permettre à des élèves n’ayant pas les acquis nécessaires pour entreprendre d’une bonne façon le secondaire de faire une année de mise à niveau.
(N.D.L.R.: la commission scolaire est revenue sur sa décision le 28 janvier)
Monsieur Bolduc, vous connaissez sûrement l’existence d’un document liant les commissions scolaires à votre gouvernement: la convention de gestion. Ce document est toujours en vigueur (à moins que vous ayez oublié de nous prévenir) et a pour objectif d’augmenter la réussite de nos élèves. À moins de diminuer les exigences pour l’obtention d’un diplôme, vos coupes abusives viennent empêcher tout espoir de voir ce souhait se réaliser.
Ayez au moins le courage d’annoncer la fin de cette entente et du même coup de cet objectif d’augmentation de réussite. Annoncez donc également votre désir de voir plus de parents inscrire leur enfant au privé et, ainsi, participer un peu plus au financement du secteur de l’éducation. On penserait presque que vous envisagez une structure impliquant un partenariat public et privé!
Vous tentez depuis plusieurs semaines de convaincre la population que les enseignants peuvent en faire plus. Vous et votre gouvernement, ayez au moins la décence d’être honnêtes! Vous utilisez les présentes négociations pour faire connaître vos arguments démagogiques. Alors que le gouvernement a déjà reconnu qu’un enseignant travaille un minimum de 40 heures par semaine, vous suggérez qu’il augmente son temps de travail à l’école de 32 à 35 heures/semaine. Pas besoin de dessin pour comprendre la stratégie!
N’ayez crainte, monsieur Bolduc, cette lettre est la première et la dernière que je vous écris. Comme bien des collègues, je réfléchis présentement à la possibilité de quitter le monde de l’éducation, car je ne vois pas comment je pourrais encore une fois accepter d’augmenter ma tâche. Je n’en aurai pas la capacité physique et psychologique… Malheureusement, je cherche toujours les 250 000 emplois de qualité que vous avez promis… La bonne nouvelle, c’est que, si nous trouvons, vous ferez des économies car nous sommes plusieurs à avoir atteint le plafond salarial…
Espérant que vous retrouviez un souci pédagogique,
Pierre Doré
Enseignant
Président du comité consultatif
École secondaire de Donnacona