Lauréat de la médaille du civisme: Stéphane Fraser raconte

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Par Denise Paquin
Lauréat de la médaille du civisme: Stéphane Fraser raconte

Stéphane Fraser, de Saint-Raymond, est un bon samaritain dans l’âme. C’est ce qui explique qu’il n’a pas hésité à intervenir lorsqu’il est arrivé sur les lieux d’un terrible face à face sur la route 367 au matin du 3 décembre 2013. Sur le la dernière ligne droite, avant d’arriver à Duchesnay, deux autos s’étaient heurtées à haute vitesse.

«J’ai toujours eu tendance à arrêter quand quelqu’un a besoin d’aide, mais dans une situation aussi extrême que ça, oui, c’était la première fois», a confié le récipiendaire de la médaille du civisme le 29 septembre.

Un conducteur est prisonnier de son véhicule en feu. Stéphane Fraser prend son cric et brise une vitre pour ouvrir une porte. Mais le conducteur est retenu par sa ceinture de sécurité et il crie pendant que le feu lèche l’intérieur de l’habitacle.

«Les sièges commençaient à fondre. Il faisait vraiment chaud. Mon manteau me fondait sur le dos. J’ai voulu aller détacher la ceinture et je me suis plongé la main probablement dans une plaque de plastique fondu vu que le siège était en train de brûler. Ça a collé sur la main, ça a comme resté là», raconte M. Fraser.

Trois ou quatre personnes s’activent autour du véhicule en flammes. En désespoir de cause, Stéphane Fraser pellette de la neige sur l’homme afin d’étouffer les flammes. Un pompier qui passait par là réussira finalement à extirper la victime in extremis.

Il avoue avoir craint que l’auto explose. «Mais je ne pouvais l’abandonner juste au cas où, affirme-t-il. Je ne voulais tellement pas voir un gars brûler vivant devant moi et vivre avec ce souvenir-là toute ma vie. Il était conscient le monsieur, il savait ce qui se passait.» «Je me suis dit: “Envoye mon homme, fonce, fais ce que tu as à faire et organise-toi pour pas que ça arrive!”» ajoute l’homme n’a aucune formation en secourisme.

Stéphane Fraser s’est retrouvé à l’hôpital avec une main brûlée au deuxième degré, des coupures et une intoxication causée par la fumée.

«J’ai été longtemps à parler de cette journée-là comme de la pire journée de ma vie. Aujourd’hui on le voit d’un autre oeil. Il y a eu l’hommage, ça ferme la boucle un peu», dit celui qui tient absolument à ce que le mérite soit partagé par toutes les personnes qui sont intervenues et qui ont permis de sauver la victime. Malgré d’importantes brûlures et blessures, l’homme a survécu.

C’est sa mère qui a soumis sa candidature. «Ma mère était avec moi quand c’est arrivé. Je l’ai fait vieillir de 10 ans cette journée-là», lance le sauveteur dans un éclat de rire. «Dans une situation comme ça, on devient quasiment comme un robot, les émotions, la peur se coupent», explique-t-il.

Un ambulancier lui a dit que moins de 5% des gens sont capables d’agir en situation d’urgence. «Ils ont peur de ce qu’ils vont voir», dit M. Fraser. Il a noté que plusieurs témoins, blottis dans leur photo, prenaient des photos de l’accident avec leur cellulaire…

Il n’y a pas que sur sa main que Stéphane Fraser conservera des traces de son acte de bravoure. Il dit y penser chaque fois qu’il prend le volant. «Aujourd’hui, je suis tout le temps sur mes gardes. Quand je vois deux autos qui se suivent, je me tasse toujours un peu sur l’accotement», dit-il.

 

 

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