La mammographie à l’heure du libre choix

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Par Denise Paquin
La mammographie à l’heure du libre choix

Christiane Huot, l’une des artisanes du Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS) dans Portneuf, ne croyait jamais que son équipe pourrait remporter le Prix de cancérologie 2017.

«C’est un prix prestigieux attribué parmi tous ceux qui travaillent à la lutte au cancer au Québec. On ne pensait pas le remporter vu que notre programme est social. C’est pourquoi, quand on a reçu l’annonce, on était déjà tout excitées», raconte Christiane Huot. L’intervenante de Saint-Raymond Elle ajoute que cette reconnaissance couronne 17 ans de travail.

Diminuer le taux de mortalité

Le programme de dépistage du cancer du sein a vu le jour en 1998 au Québec avec l’objectif d’abaisser d’au moins 25% le taux de mortalité et d’améliorer les conditions de dépistage. Selon Mme Huot, l’objectif a largement été dépassé puisque le taux de mortalité a diminué de près de 40% en 20 ans.

Cependant, même après plusieurs années de sensibilisation, le taux de participation des Portneuvoises au dépistage par mammographie stagnait sous les 70%. «Des femmes ne participaient pas. On s’est demandé pourquoi on ne réussissait pas à les rejoindre», relate Christiane Huot.

C’est à ce moment que les intervenantes du programme de Portneuf ont eu l’idée de rejoindre ces femmes probablement plus vulnérables et peut-être moins informées à travers les organismes qui les aident. Une personne pivot a été ciblée dans chacun des 23 organismes participants sur les 28 répertoriés. Des affiches ont été apposées sur les murs des locaux. Les intervenantes ont participé à des déjeuners et des diners pour rencontrer les femmes.

Aujourd’hui, le taux de participation frôle les 71%. «C’est la norme sociale, presque celui de la Capitale-Nationale», dit Mme Huot avec fierté que l’on entend dans sa voix.

À l’heure du libre choix

Malgré cette avancée, le programme est là pour rester, assure Christiane Huot. Le cancer du sein demeure la deuxième cause de décès par cancer chez les Canadiennes après celui du poumon.

De plus, les intervenantes font face à une nouvelle réalité: les femmes âgées de 50 à 54 ans sont un peu moins enclines à subir la mammographie.

La cause de ce changement n’est pas connue: elles se sentent moins vulnérables, plus jeunes donc moins à risque? Est-ce l’influence d’études qui remettent en question le dépistage systématique?

Au Royaume-Uni, des chercheurs affirment que plus de la moitié des cancers trouvés par la mammographie n’auraient jamais été découverts ou n’auraient jamais évolué vers la maladie. Le stress provoqué par la mammographie et les faux diagnostics positifs aurait aussi un impact négatif.

Le PQDCS s’est adapté à cette réalité en tenant un discours sur le libre choix éclairé. «Les femmes sont plus au courant qu’avant. Il faut parler des effets négatifs que sont le stress, les mammographies anormales, les rayons aussi. On y va en toute franchise», affirme Christiane Huot. «On dit aux femmes d’être attentives à leurs seins, mais il ne faut pas oublier qu’une femme sur huit va avoir un cancer et que la mammographie sauve des vies, et c’est gratuit», conclut-elle.

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