Une tuerie bien ordinaire

par Robert Jasmin
Une tuerie bien ordinaire

C’est devenu banal, répétitif, à tel point que dans la majorité des cas on ne les évoque même pas dans les actualités. Je parle, bien sûr, des fusillades aux États-Unis. Imaginez le contenu des bulletins de nouvelles s’il fallait en faire mention : dans ce seul pays, 631 tueries de masse en 2023. Pour se qualifier au tableau des ces fusillades, il faut quatre victimes ou plus. Moins de quatre, il faut croire que ça devient une affaire intime, une histoire qu’on se raconte dans les familles. On compte un meurtre par arme à feu à toutes les heures.

Certaines fusillades font toutefois la manchette comme celle de Kansas City la semaine dernière lors du défilé de la victoire de l’équipe locale, celle du copain de Taylor Swift. Ce que je retiens comme image de ce drame, outre la mort de cette jeune animatrice de radio, c’est la course aux abris du gouverneur de l’État présent sur les lieux, un certain Mike Parson. Son visage trahissait une panique totale, l’air d’un petit enfant qui a perdu sa mère dans un centre commercial. Cette scène m’a réjoui quelque peu car ce gouverneur est depuis toujours un apôtre du droit absolu de porter des armes. Cette fois il a pu ressentir dans ses tripes ce que vivent ses concitoyens pris dans des fusillades.

Cet homme est un de ces nombreux politiciens qui, à chaque élection, récoltent des sommes importantes venant de la NRA, ce lobby diabolique des armes à feu. À la condition, bien sûr, de défendre la valeurs du lobby, soit la vente et le port d’armes sans contraintes règlementaires. Or, il semble que la situation financière de la NRA se trouve en sérieuse difficulté, ce qui est tout à fait réjouissant. Pour comprendre il faut savoir que les membres de la NRA ont droit, un peu comme au CAA, à des rabais dans les hôtels et plusieurs grands commerces.

Or, de plus en plus de commerces ont cessé leur partenariat avec la NRA, une entreprise engluée dans des affaires de corruption à l’interne en plus d’être considérée en grande partie responsable des fusillades par son apologie du port d’armes. Plusieurs personnes ne voyaient plus d’intérêt à rester membres. La NRA perdait donc sur deux fronts : la vente des cartes de membres en chute libre et la perte des ristournes sur les ventes des commerces affiliés. La chute de ce géant serait une bonne nouvelle pour tous.

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