Page d’histoire : les tragédies marquantes de 1938 à Portneuf

Photo de Gaétan Genois
Par Gaétan Genois

Les événements racontés ici sont parmi les plus tragiques et les plus tristes que nous ayons eu à vivre dans la région portneuvoise. Ils sont survenus le 1er septembre 1938 à Ville de Portneuf.

En ce vendredi de septembre 1938, cinq maisons furent emportées par les eaux, plusieurs autres furent endommagées. En outre, deux ponts de chemin de fer se sont effondrés. Pire, la tragédie fit plusieurs victimes.

Les pluies torrentielles s’étaient abattues lors des jours précédents. Les eaux de la rivière avaient augmenté subitement et s’étaient mises à déborder de façon alarmante. La montée des eaux aurait été amplifiée par le bris d’une écluse près du lac Sept-Îles, où la rivière Portneuf prend sa source.

Le courant extrêmement fort charriait billots, bois de pulpe et débris de toutes sortes qui heurtaient de façon sinistre et inquiétante le pont de ce qu’on appelait alors la route 2, aujourd’hui la 138.

Une famille éprouvée

C’est une famille Marcotte qui a été la plus éprouvée par cet épisode dramatique. Située près de la rivière, dès six heures du matin la maison fut complètement cernée par les eaux. Réveillé par le bruit infernal, M. Marcotte passa sur les rangées de bois et de croûtes, puis s’agrippant aux branches des arbres et aux clôtures voisines, il parvint à s’échapper en amenant avec lui plusieurs de ses enfants.

Mais il fallait maintenant sauver les autres membres de la famille, en utilisant canots, échelles et cordages. Le courant était très fort et dangereux, il fallait mener l’opération de sauvetage avec la plus grande prudence et cela prit du temps. Mme Marcotte et ses autres enfants s’étaient réfugiés sur la galerie, qui céda bientôt sous la violence des éléments. 

Centaines de témoins

Tous furent avalés par le tourbillon, la maison fut emportée et alla heurter le pont. Des centaines de personnes assistaient impuissantes à ce drame. Le jour même et le lendemain, on retrouva cinq des six victimes. La sixième ne fut retrouvée que trois semaines plus tard. Les jeunes victimes avaient entre neuf mois et 18 ans.

Les personnes décédées furent exposées dans la salle paroissiale. La cérémonie des funérailles eut lieu le lundi suivant.

Pont et chemin de fer

En outre, l’eau mina les abords du pont, le chemin du fort au sud du pont, et la rive droite du chemin de la grève. Le chemin fut emporté en plusieurs endroits, et les familles durent évacuer leur demeure. Deux maisons près de l’ancienne boucherie furent emportées dans la rivière par un éboulis.

Les ponts du Canadien Pacifique et du Canadien National cédèrent eux-aussi sous la violence des eaux. Une locomotive plongea dans un ravin. L’ingénieur et le chauffeur s’ajoutèrent aux victimes.

Comme autres dommages, le beurrier Armagh Leclerc subit pour 25 000 $ de dommage. Il perdit une vache, 200 porcs, 100 cordes de bois, ainsi que de l’outillage et des équipements de beurrerie.

Sympathies

Les visiteurs étrangers furent légion dans les jours suivants. Ils voulaient voir les lieux du sinistre et manifester leurs sympathies aux familles des victimes et à celles touchées par les dégâts matériels.

D’après le livre Notre-Dame de Portneuf, 106 ans d’histoire, 75 ans d’autonomie (1989). Merci au Centre d’archives régional de Portneuf (CARP) pour les photographies.

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