Samana, la beauté naturelle

par Ninon Brière
Samana, la beauté naturelle

1re de 2) — Mes recherches m’avaient suggéré de visiter Samana, cette province presque sauvage du nord-est de la République dominicaine (RD). C’est le petit aéroport de El Catey qui m’a accueillie avant que le bus ne me fasse traverser des buttons et montagnes dans la nuit chaude et enveloppante. Le petit matin m’attendait avec une scène magistrale : devant moi se dressait des dégradés bleutés qui osaient lier des nuances de lilas au turquoise pour se perdre sur une plage vierge dans sa teinte azurée la plus claire.  L’océan Atlantique baigne les baies et se brise au loin sur les récifs qui abritent une faune marine multicolore, inoffensive et invitante. C’est en apnée que je choisis de partager, avec ces espèces colorés et fascinantes, un univers lumineux et mon regard s’éblouit du spectacle pastel que les eaux me proposent. Un peu plus tard, attirée par cette nature généreuse, je m’aventure, avec un guide, à cheval sur un sentier étroit, rocailleux, escarpé et en pleine jungle avec la promesse d’y découvrir un joyau de cette province de la RD, la cascade El Limon! Je parcours ce trajet en caressant l’animal qui me fait plutôt penser à un âne et qui me transporte sécuritairement et agilement malgré les pentes raides. Je le louange et le caresse d’une main quand le chemin me le permet.  Lorsque vient le temps de descendre, le guide me dirige vers un escalier interminable fait de roches inégales. Je m’agrippe aux garde-fous et j’assure ma descente jusqu’au plateau, où je vois enfin cette eau que j’entendais chanter depuis plusieurs minutes ! Je suis subjuguée, renversée par la beauté du paysage ! J’accueille cette bruine qui m’asperge pendant que la chute, du haut de ses 55 mètres, me propose un voile turquoise sur un fond de scène qui marient tous les teintes de vert de cette forêt tropicale. Le bassin du pied de la chute m’appelle par sa limpidité et j’y plonge dans un doux frisson. Puis, je nage jusqu’à l’endroit où les eaux me frappent. Je traverse ce rideau qui me masse vigoureusement. Je ris aux éclats, comme si j’étais cachée en coulisse juste avant d’entrer en scène. Le lendemain, j’ai rendez-vous avec Las Terrenas, une petite ville très coloniale en bord de mer, densément peuplée par les Dominicains, qui y vivent et qui partagent leur bled avec quelques milliers de touristes européens. Les deux cultures cohabitent dans ce décor fait de contrastes saisissants. D’une part, j’assiste à la vie quotidienne des Dominicains qui se déplacent pour se rendre au travail. J’aperçois des écoliers vêtus de leur uniforme impeccable, les marchands locaux ouvrent leurs commerces, des camions transportent des hommes et des matériaux de construction et pour cause, car rien ne semble tout à fait « complété ». C’est animé, agité, congestionné, mais tellement authentique, tellement vivant. D’autres part, des expatriés en provenance d’Europe, notamment de France et d’Italie, tiennent des boutiques avec du « beau », des décos, des tissus, des robes sans oublier la charcuterie italienne, qui m’attire autant que la boulangerie chez Jean, tenue par une Française qui me sert le meilleur croissant de ma vie. Culture et langue se conjuguent malgré les différences dans une harmonie certaine. Je vais chez l’épicier du coin, je prends un motoconcho (NDLR. : taxi à moto) et je me rends à Las Balenas, encore au bord de mer, toujours plus bleue que les pervenches. Je découvre un petit bar sur la plage où je m’assois à l’ombre et je commande une Présidente. On m’apporte une bouteille, plus grosse encore que dans mes souvenirs d’adolescente assoiffée, je laisse ce houblon me tourner la tête puis je continue mon périple à pied. C’est au Kiki Beach Club que je succombe encore, puisqu’on m’y sert de la poutine avec du vrai fromage en grains, fait par un expatrié du Lac-Saint-Jean, avec de la sauce et des frites fraîchement coupées. C’est Manu, le proprio, qui s’exprime dans un français parfait, qui me serre la main et m’invite à ce qui deviendra un rendez-vous hebdomadaire avec la mer, les petits bistros, les villas et les apparts hôtels qui longent cette route que je marcherai chaque semaine pour satisfaire mon regard, mes sens et mon envie de liberté en me plongeant dans cette luxure naturelle, où les cocotiers font juste assez d’ombre à mon chemin pour que je supporte la chaleur. On prend facilement racine dans cette région encore sauvage, naturellement invitante, généreusement abondante de verdure et d’espaces vierges liant les plages, les vallées et les collines qui se multiplient. On y loge dans les quelques hôtels tenus par des locaux, quelques resorts qui offrent le tout inclus, mais surtout, comme les Européeens, dans des villas parfois trop cossues qui tranchent entre deux mondes. Le mois prochain, je vous transporte dans la ville de Santa Barbara de Samana pour d’autres découvertes palpitantes.
Ninon Brière
ninonbriere@outlook.com

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