L’objet transitionnel est l’objet que le nourrisson ou l’enfant utilise pour faire le pont entre sa relation intense avec sa mère (ou ses parents) et le monde extérieur.
( L’emploi du mot « mère » sera privilégié pour simplifier le texte mais il faut comprendre qu’il représente aussi
« les parents » plus particulièrement pour les enfants plus âgés). C’est Donald Winnicott, pédiatre, psychanalyste dans les années 1950 qui découvre non seulement l’utilité immédiate de l’objet transitionnel mais sa grande portée dans le développement sain de l’enfant.
Tout d’abord, l’objet transitionnel est un objet choisi par l’enfant pour se rappeler sa mère en son absence. Souvent les parents vont tenter de lui en procurer un mais il est important de laisser faire le choix à l’enfant. Cet objet sera investi entre le 3e mois et le 8e mois et pourra perdurer jusqu’à ses 2 ou 3 ans.
Il va servir à le rassurer sur le fait que sa mère va revenir. Le doudou transitionnel est le représentant de « l’absence-présence ». Ainsi, c’est une manière pour lui de prendre acte que sa mère n’est pas là et d’apprendre à composer avec ce manque. Si les interactions avec elle sont bonnes en général, il se souviendra positivement d’elle et il commencera à mettre un oeuvre un mécanisme important : l’hallucination de la satisfaction de son désir (par exemple manger, téter, se faire bercer). Il imaginera et sentira en lui que le manque s’estompe par un plaisir qu’il recherchait. L’hallucination va lui permettre d’attendre la vraie satisfaction de ses besoins. Si la mère arrive à le faire patienter un peu, mais pas trop, un espace de communication mutuel et singulier se créera entre la mère et le bébé. Cet espace n’existera que par deux conditions. D’abord la mère doit être en mesure d’effectuer une régression dans le monde infantile pour rejoindre son enfant, entendre ce qu’il communique et s’ajuster à lui. Ensuite, elle doit accepter l’emploi de l’objet transitionnel chez son enfant et non pas le substituer par un objet « contre-transitionnel ».
L’objet « contre-transitionnel » est un objet que le parent offre à son enfant pour « boucher » le besoin, le tarir plutôt que le faire exister en le nommant. Par exemple, un bébé se fait mal, pleure et son parent lui pousse sa suce en bouche pour qu’il tète. Ce parent ne prend pas le temps de reconnaitre intérieurement et ensuite verbalement la douleur de son enfant (il ne fait pas usage de la régression au monde infantile) et induit ainsi une confusion chez celui-ci sur l’attribution de la source de son malaise. Pire encore, l’enfant peut développer une fixation à cette suce qui malheureusement ne produira jamais l’apaisement tant recherché qu’il aurait trouvé avec l’objet transitionnel.