Avec un taux de chômage autour de 4%, les usines de Portneuf manquent cruellement de travailleurs elles aussi. Cinq d’entre elles mettent leurs espoirs dans une coopérative pour recruter une cinquantaine de travailleurs étrangers. Elles demandent aux gouvernements d’assouplir les règles qui régissent l’octroi de permis de travail et l’immigration.
À court de solutions pour trouver des travailleurs non spécialisés, Structures Ultratec, à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, Preverco, à Saint-Augustin-de-Desmaures, Sélection du pâtissier et Freneco, à Portneuf, et Polycor, à Rivière-à-Pierre, proposent un modèle inédit pour assurer leur production.
Elles s’unissent dans un projet-pilote de coopérative pour recruter des travailleurs étrangers. Elles ont le soutien entier du député conservateur de Portneuf – Jacques-Cartier Joël Godin qui veut faciliter les discussions entre elles et les gouvernements.
«C’est un problème majeur et ce n’est que la pointe de l’iceberg», a résumé le député fédéral de passage à l’usine de Structures Ultratec jeudi dernier. «La coop de travailleurs étrangers c’est pour un recrutement rapide, faciliter la gestion de l’immigration et avoir de la flexibilité», a-t-il précisé.
Ces entreprises sont prêtes à investir 200 00$ pour financer le recrutement de 10 travailleurs chacune, à raison de 4000$ par travailleur. «Nous, on est spécialistes dans ce qu’on fait, on n’est pas spécialiste du recrutement», a déclaré Philippe Beaudoin, de Structures Ultratec, spécialisée dans la fabrication de structures de bois préfabriquées pour la construction.
Faute de main-d’oeuvre, son entreprise doit laisser filer des contrats. «Avec les contrats qu’on perd ou qu’on déplace dans le temps, la relation d’affaires, le client va la développer avec d’autres entreprises», a-t-il expliqué.
Une entreprise qui ne progresse pas prend le risque de perdre des parts de marché au profit d’usines d’une autre région du Québec, d’une autre province, voire d’un autre pays, affirme Joël Godin.
Mais la formation de la coopérative est conditionnelle à la réponse du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, au provincial, et à celui de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, au fédéral.
Les entreprises demandent des modifications aux lois pour que les familles accompagnent les travailleurs embauchés, pour que la durée du permis de travail pour travailleurs non spécialisés passe de un à deux ans et pour «faire sauter» le contingentement à 10% de travailleurs étrangers dans une entreprise. De l’aide sera aussi recherchée pour aider la coopérative qui s’associe à des spécialistes de la région pour le recrutement, dont Michel Matte, un spécialiste du recrutement à l’international, et Accès Travail Portneuf, pour assurer l’intégration des travailleurs et de leur famille dans leur nouveau milieu de vie.
«Avec un permis de travail de deux ans plutôt que d’un an, l’entreprise peut former son personnel pour le garder», a expliqué Joël Godin. Actuellement, les entreprises ne peuvent avoir plus que 10% de travailleurs étrangers, mais selon le député, certaines ont de bien plus grands besoins.
La coopérative est aussi destinée à accroître la mobilité des employés sur une année: «S’il y a du travail pour huit mois [dans l’une], il peut aller travailler quatre mois dans une autre», a-t-il indiqué.
Le député Joël Godin espère des rencontres aux cabinets des ministres David Heurtel et Ahmed Hussen à la mi-mai. Optimiste, il estime que le premier travailleur pourrait arriver à la fin septembre. Habituellement, le processus prend de six à neuf mois. «Il n’y a rien de mercantile. On ne voit pas quelle raison on peut me donner pour dire non, on ne peut pas», déclare-t-il.
Cet article a été mis à jour le 13 avril 2018. 
