Lettre ouverte au ministre Heurtel

Par cpierredrolet

Les solutions individuelles actuelles sont peu performantes et partout ailleurs au monde, lorsque la densité augmente, c’est le raccordement à un réseau collectif qui corrige la situation. Aux États-Unis, la EPA a établi un seuil de 16 fosses septiques par kilomètre carré, ce que l’on dépasse largement au Québec avec les conséquences qui en découlent: contamination des puits et sources d’eau potable municipaux, dégradation de la qualité des eaux de surface, croissance de plantes aquatiques, fleur d’eau de cyanobactéries, perte de valeur des terrains riverains…

Regardons les conséquences prévisibles des quatre mesures correctives proposées et des suggestions pour les améliorer:

 1. La mise en place d’une fosse de rétention à vidange totale (réservoir étanche)

La vidange totale est le système de dernier recours selon le règlement Q2r22, car le transport des eaux usées coûte cher, produit des gaz à effet de serre, dégrade les routes, notre milieu de vie et transporte la pollution chez un autre. C’est une solution à limiter et permettre uniquement lorsqu’un réseau collectif n’est pas possible.

2. L’installation de cabinets à terreau (toilettes à compost) avec fosse de rétention pour les eaux ménagères

Quoiqu’en milieu rural de faible densité cette solution peut s’avérer une approche sensée, elle pose de nombreux défis:

– la manipulation et la disposition des déjections humaines posent un risque à la santé humaine;

– le phosphore et l’azote qui ne seront pas traités. Ils stimulent la croissance des plantes aquatiques, des algues, du plancton et les cyanobactéries, dégradant la qualité de l’eau;

– rejeter en surface accélère l’arrivée de ces polluants dans les lacs et cours d’eau;

– les micropolluants, tels nos médicaments, se retrouveront dans l’eau, nos sols, nos fruits et légumes.

Les médecins présentement au pouvoir sont en mesure d’apprécier la signification de tels risques. Un encadrement et un suivi rigoureux sont souhaitables.

3. La mise en commun d’un système avec déphosphatation pour deux résidences isolées existantes

Il n’existe qu’un seul système de cette classe sur le marché, le DpEc de Premier Tech, qui jouit d’un monopole dans ce marché. Cette technologie coûte 40 000$ selon l’émission Enquête de Radio Canada. Elle est complexe et exige un contrat de service obligatoire de 1600$ par an. Regrouper deux résidences par système ne réduit pas les coûts de moitié.

Ces systèmes visent l’élimination du phosphore, mais l’azote et les micropolluants, tout aussi importants, ne semblent pas traités. Il ne faut pas favoriser ces systèmes plutôt que les réseaux collectifs.

4. Faciliter la mise en place de systèmes de traitement étanche qui rejettent les eaux usées dans un réseau d’égout municipal

Ailleurs dans le monde, c’est cette mesure qui règle les ennuis des lacs urbanisés. Au départ, cette problématique résulte d’une utilisation de fosses septiques à trop forte densité dans les bassins versants.

Si le gouvernement est sérieux en matière de gestion durable de l’eau, il devrait considérer de limiter l’usage des systèmes autonomes en fonction de leur densité dans les bassins versants et d’offrir des subventions aux infrastructures pour ces réseaux collectifs, au prorata du pourcentage des résidents permanents qui participent à ces réseaux collectifs. Ce serait une contribution juste et équitable pour ces payeurs de taxes laissés seuls avec le problème de dégradation des lacs.

 

Paul Isabelle

Citoyen de Lac-Sergent

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