Chantal Petitclerc veut contribuer au renouvellement du Sénat

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Par Denise Paquin
Chantal Petitclerc veut contribuer au renouvellement du Sénat

Q.: Chantal, as-tu été surprise quand tu as reçu l’appel du premier ministre Justin Trudeau?

R.: Oui, surprise. Il faut dire qu’avant de commencer le processus, le comité de sélection indépendant m’a contactée pour tâter mon intérêt. Plusieurs semaines se sont passées jusqu’au téléphone du premier ministre, la semaine dernière. On célèbre déjà, mais c’est la recommandation du premier ministre, le gouverneur général doit nous accepter officiellement.

 

Q.: Tu te dis indépendante de la politique?

R.: Tout le monde qui google cinq minutes va bien comprendre que je ne suis pas une personne à droite. En même temps, je ne suis pas politique ni engagée dans un parti plus que l’autre. En fait, je suis pas mal l’exemple du citoyen canadien intéressé, qui connaît ça, mais qui n’est pas embarqué dans la machine.

 

Q.: Est-ce que ce sont les valeurs que tu peux partager avec Justin Trudeau qui expliquent ta nomination?

R.: C’est sûr que l’espèce de discours de renouvellement du Sénat, l’énergie qui vient avec ce gouvernement-là, c’est venu me chercher. Cela ne faisait pas partie du tout de mon plan de carrière de devenir sénateur. Les autres nominations, ce sont des gens qui ont déjà fait des contributions assez extraordinaires. Juste de faire partie de ce groupe-là, c’est super inspirant.

 

Q. Tu as consulté les gens autour de toi avant de prendre une décision?

R.: J’ai parlé à des amis juges, avocats pour comprendre et me faire une tête sur ce qu’on fait exactement. Je ne suis pas à la retraite. J’ai cette expertise, ces compétences, j’ai des qualités. J’ai un bon leadership, et en même temps je sens de ce que je reçois autour de moi que ma grande force c’est d’inspirer les changements un petit peu. Ma question à ces gens-là c’était: avec ce qu’on veut en faire et avec le mouvement actuel, le Sénat c’est un endroit où je peux avoir un impact concret? On m’a convaincue.

 

Q.: Comment perçois-tu ton rôle?

R.: Je ne voulais pas un rôle de représentation, être là juste parce que j’ai gagné des médailles et que ça paraît bien d’avoir une médaillée handicapée francophone. C’est sûr que tout ça me définit, mais c’est surtout que ça me donne une expertise. Tu trouves parmi les nominations des gens qui ont une connaissance beaucoup plus profonde que moi du système parlementaire, et en même temps, moi, quand on parle de grands dossiers de société, j’ai l’expérience, j’ai vécu, j’ai une grande implication dans plusieurs organisations, je fais le tour du Canada pour plein d’organisations aussi. Au début j’avais toujours une espèce de syndrome de l’imposteur, puis en y pensant, je me dis non, je pense que je peux contribuer, avec ce que je suis, tout en étant consciente que, côté fonctionnement, j’ai des croûtes à manger, il faut que j’apprenne.  

 

Q.: Est-ce que tu as des objectifs précis en allant au Sénat? Des choses à changer?

R.: Oui, mais je ne veux pas qu’il y ait des choses qui changent dans le sens où je ne suis pas contente, mais c’est dans le sens d’améliorer. Je suis maman d’un petit garçon de deux ans. Il y a l’étude sur l’obésité des enfants qui est partie d’un comité du Sénat et qui est vraiment très lourde d’impact. C’est le genre de trucs qui m’interpellent, et je pense que j’ai les outils et les connaissances pour contribuer à quelque chose comme ça. C’est sûr qu’il y a l’activité physique, le sport, la nutrition, les enfants qui ne bougent pas assez. Notre système de sport à tous niveaux, ça m’intéresse. La vie des personnes handicapées aussi, parce que ce n’est jamais gagné complètement. Au Canada, il n’y a pas le «Desabilily Act» comme aux États-Unis. Il reste encore des choses à faire. En même temps j’ose penser que je n’aurai pas peur de sortir de ces créneaux et d’aller voir des trucs qui sont tout aussi importants même si ce n’est pas mon domaine d’expertise. De toute façon, je vais avoir besoin de le faire, alors il y a une sorte de responsabilité qui vient avec ça.

 

Q.: Est-ce que tu connais la division que tu vas représenter?

R.: Non, je ne le sais pas encore, mais ce ne sera pas Portneuf, il y a déjà quelqu’un [N.D.L.R. Portneuf fait partie de la division Lasalle, détenue par le sénateur Pierre-Hugues Boivenu]. Je dois finaliser l’achat d’un petit terrain pour [un minimum de] 4000$. Je trouve ça assez sympathique cette tradition. On a cette condition à remplir le plus rapidement possible. Après, on va avoir les détails pratico-pratiques.

 

Q.: Est-ce que ce sera difficile de concilier ta vie familiale et le Sénat?

R.: Comme famille, avec mon mari James et mon petit garçon Elliot, ça a été une grosse décision aussi. Le Sénat siège environ 90 jours par année. Il y a beaucoup de travail d’étude que tu peux faire à la maison. C’est possible de le faire et de répondre à ma priorité de maman aussi.

 

Q.: Est-ce que cela implique que vous deviez déménager à Ottawa?

R.: On envisage les deux possibilités. Mon entraîneur est à Ottawa. C’est à peine deux heures de chez nous. L’aller-retour ne me fait pas vraiment peur. Je voyage déjà beaucoup pour mes conférences.

 

Q.: Tu peux aussi poursuivre tes autres activités?

R.: Ça ça va se faire. Je vais éplucher tout ce que je fais avec le comité d’éthique pour m’assurer qu’il n’y a pas de conflit d’intérêts. Les conférences, c’est rarement un problème parce que je suis là comme athlète. Jacques Demers en fait beaucoup. On n’est pas là pour parler des décisions ou faire la promotion du gouvernement. C’est ma business et c’est le fun de pouvoir la continuer. Je suis habituée d’avoir un horaire assez chargé, d’autant plus que j’aime ça.

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