Le service téléphonique pour les gens en détresse de la région de la Capitale-Nationale est centralisé en tout temps depuis hier à Québec.
Bertrand Gignac, directeur général de l’organisme l’Arc-en-ciel qui héberge le Centre de prévention du suicide de Portneuf, dénonce avec véhémence la décision du gouvernement.
Il a reçu par courriel l’avis de la fin du renvoi des appels dans Portneuf, seulement quelques jours avant l’échéance. «Il y avait des rumeurs depuis le mois de décembre, mais on s’attendait au mois d’avril» a-t-il dit hier.
Les gens en détresse pouvaient contacter des intervenants dans Portneuf via la ligne 1 866-APPELLE entre 8h et 16h chaque jour de la semaine. La ligne était dotée d’un système permettant de basculer automatiquement l’appel provenant du territoire portneuvois vers l’Arc-en-ciel durant ces périodes, ce qui n’est plus le cas.
Selon l’intervenante en prévention du suicide, Cindy Joublin, la nouvelle formule entraînera une perte du lien immédiat entre la personne dans Portneuf et l’intervenant téléphonique local en situation de crise particulièrement.
Mme Joublin signale qu’une évaluation sera réalisée à partir de Québec puis que des cas seront référés à Portneuf pour un suivi, ce qui représente un intermédiaire de plus.
«Le lien créé facilite l’intervention. Un changement d’intervenant peut fragiliser le lien», a résumé le coordonnateur du Centre de prévention du suicide, Steve Dubois.
«La décision complexifie le système. Il s’agit d’un méchant coup pour la proximité des services, d’un mauvais virage», a maugréé M. Gignac.
Selon M. Gignac, la décision n’a pas pour souci l’intervention, mais plutôt de faciliter le travail des fonctionnaires dans l’analyse du taux d’appels non répondus. Il soutient que le système centralisé sera moins efficace et coûtera plus cher.
«Ils [fonctionnaires] veulent savoir le taux de non réponses pour atteindre 100% d’efficacité», a mentionné M. Gignac. Steve Dubois a précisé que le taux de réponses est exemplaire dans Portneuf. «Le ministère craint des appels dans le vide. Il s’agit d’arguments bidon», a-t-il ajouté.
Pas de coupes
Le porte-parole de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale, François Paquet, a affirmé que la décision résulte d’une orientation ministérielle dans un souci d’uniformiser le service partout en province.
La centralisation a aussi pour objectif d’éviter les pertes d’appels et d’assurer une meilleure traçabilité des appels, selon M. Paquet.
Le porte-parole du gouvernement a précisé que le Centre de prévention du suicide de Portneuf ne sera pas pénalisé financièrement par ce changement.
Bertrand Gignac a indiqué que l’Arc-en-Ciel avait eu confirmation du ministère du maintien de son budget pour deux années.
Un nouveau numéro
Le Centre de prévention du suicide offre un nouveau numéro téléphonique local pour maintenir des services de proximité dans Portneuf.
«Ce n’est pas parce qu’on nous retire la ligne 1 866-APPELLE qu’on cesse les interventions», a assuré M. Gignac.
Le Centre de prévention, en activité depuis 17 ans dans Portneuf, a enregistré 2000 appels téléphoniques et effectué 900 autres types d’interventions l’an dernier, selon Steve Dubois.
Les personnes peuvent maintenant appeler au 418 285-3283 et échanger avec l’une des trois intervenantes en poste dans les locaux de l’Arc-en-Ciel. Le service demeure disponible chaque jour de 8h à 16h. Une ligne sans frais doit s’ajouter.
