La population se mobilise pour sauver l’église de Saint-Léonard

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Par Gaétan Genois
La population se mobilise pour sauver l’église de Saint-Léonard
L'église de Saint-Léonarde vers une nouvelle mission (Photo : Gaétan Genois)

Un groupe d’environ 150 citoyens s’est adonné à une démarche de réflexion et de consultation publique le 6 février. Le comité de requalification de l’église Saint-Léonard-de-Portneuf a présenté une soirée en deux temps, un premier pour informer la population et un deuxième pour donner la parole et l’écriture aux gens regroupés en tables rondes.

De fait, la démarche était entreprise dès l’automne dernier avec la formation d’un comité de réflexion inter-générationnel regroupant des gens de 26 à 81 ans. Le comité s’est enregistré à titre d’OSBL (organisme sans but lucratif) le 24 janvier.

La création de l’OSBL permettra de faire des demandes de subventions, des représentations et des activités d’autofinancement. « C’est là où on en est », résume la présidente Denise Poirier.

Pas les premiers

Cette dernière a brossé un tableau de la situation des lieux de culte au Québec. « On n’est pas les premiers à être confrontés à la fermeture de notre église », rappelle-t-elle.

Dans les vingt dernières années, 663 lieux de culte ont été fermés au culte, ce qui représente près du quart des lieux de culte répertoriés au Québec.

Cent dix-neuf églises ont été démolies, par souci de sécurité suite à leur dégradation, ou tout simplement parce qu’on a pas trouvé de preneur pour porter un projet de substitution. Cent cinquante-neuf autres églises sont en attente de projet.

La salle sous l’église était remplie de citoyens venus entendre les informations et proposer des projets. Photo : Gaétan Genois

385 églises requalifiées

« Le chiffre qui nous a le plus intéressé est le chiffre 385, révèle Denise Poirier. C’est le nombre de lieux de culte qui ont fait l’objet d’une conversion réussie, parce que oui, c’est possible. »

La majorité de ces conversions sont à des fins communautaires et socioculturelle. Trois raisons motivent ce choix. Premièrement, c’est la solution exprimée par les citoyens.

En outre, il est plus facile de convertir une église en centre communautaire qu’en condos de luxe et cela donne accès à un plus grand nombre de personnes. Troisièmement, c’est pour ces projets que le financement est le plus disponible.

L’argent

Trois principaux bailleurs de fonds pourraient permettre la réalisation d’un  tel projet : le Conseil du patrimoine religieux du Québec, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), et le gouvernement fédéral.

Mme Poirier prend pour exemple Saint-Ubalde, qui a reçu 540 000 $ du Conseil du patrimoine, 1,8 M $ du MAMH, et 100 000 $ du Fédéral via le programme Nouveaux horizons pour les aînés afin de requalifier son église et y créer une bibliothèque.

Le directeur de la paroisse Saint-Raymond-du-Nord, Eddy Alain, la présidente du comité, Denise Poirier, le maires de Saint-Léonard, Archill Gladu et Raphaël Benoit, membre du comité. Photo : Gaétan Genois

Un bon projet

La première des clés pour l’obtention de montants est un bon projet, qui correspond à des besoins bien réels et identifiés par la population, et qui offre une possibilité d’autofinancement.

Les citoyens ont été convoqués en début de processus puisque la date de tombée des demandes de subvention est en mars. « On veut présenter un dossier de qualité, documenté, et ça on ne peut pas le faire sans vous », conclut Mme Poirier. Les applaudissements nourris ont témoigné de l’intérêt des Léonardois.

« Ce sera quelque chose qui va nous représenter en tant que communauté », a renchéri le maire Archill Gladu.

Planifier la fermeture

Le directeur de la paroisse Saint-Raymond-du-Nord, Eddy Alain, a expliqué que son mandat d’engagement était de planifier la fermeture au culte de trois églises, soit celles de Rivière-à-Pierre, Sainte-Christine-d’Auvergne et Saint-Léonard.

Il n’y a plus de fidèles, ceux qui restent vieillissent et il y a pénurie de prêtres. La paroisse accuse un déficit de 160 000 $ en 2024. À ce rythme, la paroisse a une espérance de vie de six ans. La même chose se passe aussi pour les deux autres paroisses de Portneuf.

« On est là pour essayer d’encourager des projets, dit M. Alain. Un nouvel usage serait faire un clin d’oeil aux anciens qui ont payé, entretenu l’église et qui y ont prié. »

Il reste à s’entendre avec le Diocèse, qui doit donner son aval à la vente de l’église.

Comme l’exprime la présidente du comité, ne pas céder l’église à une municipalité coûterait beaucoup plus cher que le coût symbolique d’un dollar.

Ateliers

Pour terminer la soirée, les citoyens présents ont formé des tables rondes pour un exercice de remue-méninges dont les propositions seront analysées par le comité.

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