Le CPEEBD à l’œuvre pour le village de demain 

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Par Gaétan Genois
Le CPEEBD à l’œuvre pour le village de demain 
Le président-directeur général du CEEBD, Jean-Pierre Naud, pose devant l’immeuble actuellement en construction à Saint-Marc-des-Carrières.  (Photo : Gaétan Genois)

«Le village intelligent de demain va produire son énergie avec sa biomasse résiduelle locale», annonce Jean-Pierre Naud, président-directeur général du Centre provincial d’expertise en énergie biomasse Desjardins (CPEEBD), dont le siège social et les installations sont situés à Saint-Marc-des-Carrières.  

L’ensemble du milieu rural du Québec a beaucoup de résidus de bois qu’on pourrait valoriser en énergie. Ce village du futur va chauffer ses bâtiments institutionnels, produire ses légumes, sécher son grain, produire son sirop d’érable, tout cela grâce à l’énergie biomasse. 

On pourrait même chauffer des développements domiciliaires en y incluant des systèmes automatisés qui feraient fondre la neige sur les trottoirs et dans les rues.  

La Finlande est un modèle, pour le Centre d’expertise. « En Finlande, il y a des villes qui, présentement, n’ont pas besoin de déneigement. Un réseau souterrain est installé avant la construction de la rue et aussitôt qu’il y a de la neige ou du verglas, le système automatisé envoie de la chaleur et tout est fondu », explique Jean-Pierre Naud.  

Libérer… l’électricité ! 

L’utilisation de la biomasse a un autre avantage important. « On s’enligne vers un manque d’électricité. Le milieu rural, explique M. Naud, peut vraiment contribuer à libérer de l’électricité et on va peut-être s’éviter de construire des barrages. On va libérer l’électricité pour faire tourner les moteurs, allumer les lumières, brancher les autos, etc. Il faut faire comme les pays européens : utiliser la bonne source d’énergie au bon endroit. » 

Dans Portneuf, des municipalités comme celles de Saint-Ubalde et de Saint-Gilbert utilisent l’énergie biomasse. À Saint-Gilbert, le coût d’implantation du système a été de 275 000 $, et on chauffe à bien meilleur coût qu’avant, l’église, le presbytère et l’hôtel de ville. Saint-Gilbert a acheté pour une valeur équivalente à 5 900 $ en biomasse l’année dernière, plutôt que 46 000 $ de mazout. Saint-Gilbert a mis sept ans à payer son réseau et en est maintenant propriétaire. 

Le transporteur Germain Durocher, de Saint-Gilbert, a une installation qui lui permet de chauffer son garage et deux maisons. La scierie Moisan utilise un séchoir à bois alimenté par les résidus de l’usine de sciage. Chez Pro-Métal, à Deschambault, la chaleur de la biomasse est utilisée dans l’usine. 

Les acériculteurs 

Des utilisateurs potentiels sont également les 3000 acériculteurs qui utilisent en majorité l’huile à chauffage, alors que leurs terres à bois pourraient être valorisées en y utilisant l’énergie des résidus de bois. « En partenariat avec l’entreprise finlandaise Säätötuli, on est en train de développer des brûleurs pour utiliser la biomasse pour l’acériculture », dit M. Naud. 

Un procédé carboneutre 

En grandissant, l’arbre capte le carbone et le libère lors de sa combustion. La combustion du bois est par conséquent carboneutre. Produit localement, sa livraison consomme peu de carburant comparativement au propane ou au mazout qui doivent être transportés sur de grandes distances.

« La matière première n’est pas un problème », selon Jean-Pierre Naud. Il y a évidemment les résidus forestiers. Mais il y a aussi beaucoup de bois de déconstruction disponible, du bois de palette, des résidus industriels, etc. « On s’en fait offrir des volumes importants, et le Centre d’expertise n’est même pas encore fini de construire ». 

Il y a aussi les arbres abattus parce qu’ils sont malades. On pense, par exemple, aux arbres malades de l’agrile du frêne, ou encore aux arbres tombés à la suite de violents coups de vent. « Il y a des volumes de bois impressionnants qui actuellement ne trouvent pas preneur, soutient M. Naud. Les petits producteurs de bois qui sont toujours à proximité des clochers d’église, peuvent valoriser ces essences ». 

Notons ici que l’essence de bois qui donne le plus d’énergie à la tonne est le mélèze, suivi de l’épinette et du sapin. Les bois durs complètent cette liste. 

Mission de partage 

Le CPEEBD est à la fois une vitrine, un centre d’apprentissage et un service-conseil. Sa mission est de partager son savoir-faire et son expertise sur les chaufferies à la biomasse, le tout avec neutralité. 

Le CPEEBD accompagne d’ailleurs d’autres MRC, comme celle des Basques dans le Bas-Saint-Laurent, pour la mise en place de cette nouvelle façon de faire. 

Le Centre d’expertise met donc en place des vitrines qui serviront de modèle de développement durable pour les MRC comme pour les villages. Dans son voisinage, il y a un projet de serre communautaire et éventuellement, de mini-maisons qui seraient chauffées, incluant la rue et les trottoirs, par le Centre d’expertise. On peut transporter l’énergie sur une distance d’un kilomètre à partir de sa source d’énergie. Il y a beaucoup de développements autour.  

Selon Jean-Pierre Naud, ce dont le Québec a besoin, c’est d’exemples concrets. « Le centre n’est même pas fini de construire et on est déjà très sollicité », conclut-il. 

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Réjean Côté Réjean Côté
Réjean Côté Réjean Côté
1 année

Très beau résumé de ce que l’on peut faire avec les résidus
forestiers et autres. Ce sont des produits de proximité et il faut leurs donnés une deuxième vie.