Le comité Élan sonne l’alarme sur le décroissement de la population d’orignaux

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Par Stéphane Pelletier
Le comité Élan sonne l’alarme sur le décroissement de la population d’orignaux
Le problème de la diminution du cheptel d’orignaux affecte l’ensemble de la zone 27. En moins de dix ans, c’est une baisse de plus de 50 % des récoltes. (Photo : stock-image)

Le problème de la diminution du cheptel d’orignaux affecte l’ensemble de la zone 27. En moins de dix ans, c’est une baisse de plus de 50 % des récoltes. Le comité Élan a été mis sur pied, en février, afin de soulever les problématiques, sensibiliser la population et intervenir auprès du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (MFFP).  

Le comité Élan regroupe près d’une vingtaine de gestionnaires de territoires fauniques de la zone 27. Tous les territoires de chasse tant publics que privés sont impliqués, incluant la Nation huronne-wendat. Le Conseil municipal de Saint-Raymond, ainsi que la Scierie Dion & Fils sont également engagés dans le comité fondé par le guide, chroniqueur et conférencier, Michel Therrien.   

L’objectif du comité Élan est de ramener un cheptel d’orignaux en santé, en quantité et en qualité dans la zone 27. « L’orignal apporte un apport économique, touristique et culturel incroyable, c’est la bête emblématique de la région. Je pense que cela serait triste, que dans cinq ou dix ans, que les gens de la région soient obligés d’aller chasser en Gaspésie, en Mauricie et au Témiscamingue », allègue Michel Therrien.  

Décroissance 

« En 2013, dans la réserve faunique des Laurentides, la population était évaluée à environ quatre orignaux au dix kilomètres carrés et les recensements de 2020 rapportaient des résultats de deux orignaux. On parle d’une diminution de l’ordre de 50 % pour la réserve faunique des Laurentides et on parle de près de 65 % de diminution pour la réserve de Portneuf », expose-t-il.  

Plusieurs causes 

La baisse de la population des orignaux est engendrée par des éléments multifactoriels. Ceux-ci ont été analysés un à un avec des plans à soumettre. La gestion de la récolte, notamment des femelles et des veaux, est une problématique. L’augmentation du cheptel du cerf de Virginie est un autre facteur. La présence de motoneiges hors-pistes dans les ravages, la tique, la prédation naturelle et la gestion de l’activité forestière sont également en cause. Lors d’une rencontre à l’Assemblée nationale le 8 juin, le comité Élan a présenté ses arguments au ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Pierre Dufour.  

Urgence d’agir  

 « Le premier geste concret que l’on a demandé au ministre, c’est de travailler en collaboration avec les gouvernements. C’est la première des demandes, on veut être impliqué et participer. Il faut travailler la zone 27 selon la réalité de chacun pour que les fonctionnaires puissent prendre la bonne décision. Pas dans un an ou dans cinq ans, mais immédiatement », soutient le maire de Saint-Raymond, Claude Duplain.  

Le cerf de Virginie 

William Romain, gestionnaire du secteur Tourilli et représentant de la Nation huronne-wendat, soulève la difficulté de contrôler la population de chevreuil avec les règlements actuels. « Le chevreuil est le premier preneur de la repousse. Il prend beaucoup de place et l’orignal cohabite très mal avec le chevreuil », explique-t-il. Le cerf de Virginie broute les tiges arbustives plus basses dans l’habitat de l’orignal. En se reproduisant plus rapidement et plus abondamment, le cerf s’empare graduellement de la niche écologique de l’orignal.  

Protéger les femelles et les veaux  

La pression de chasse exercée au cours des dernières années représente le facteur le plus significatif ayant engendré la situation actuelle. Le comité Élan propose la protection des femelles et des veaux. « Nous, on parle déjà de défendre le veau et la femelle dans les cinq prochaines années. Il n’y a personne dans les citoyens qui va vouloir que l’on perde le cheptel d’orignal et les chasseurs sont prêts à se restreindre à la chasse dans les prochaines années pour récupérer le cheptel », indique le maire Duplain.  

Des motoneiges hors-pistes qui perturbent  

Le comité Élan fait mention que, depuis près de cinq ans, les territoires privés et publics subissent l’invasion des motoneiges hors-pistes.  Celles-ci pénètrent dans les ravages d’orignaux et provoquent une dépense d’énergie et l’épuisement des bêtes. Les motoneiges laissent également des traces qui facilitent l’accès des prédateurs naturels de l’orignal. Finalement, les motoneiges peuvent écraser et endommager les jeunes générations d’arbres et priver l’orignal de cette nourriture.  

Une carte des zones interdites 

« L’objectif n’est pas d’éliminer ce sport, c’est une économie importante. Depuis 2019, on a investi de façon importante pour la sensibilisation et la prévention », note Éric Michaud, ingénieur forestier et responsable du territoire privé de la Scierie Dion & Fils. Il souhaite mettre à jour et rendre disponible une carte, afin de sensibiliser les motoneigistes hors-pistes aux zones interdites d’accès et aux zones avec un accès restreint. Cette carte sera diffusée à l’automne chez les concessionnaires de motoneiges et aux entrées des zecs.  

Les forêts orphelines  

Le manque de corridors de déplacement est aussi un problème pour le cheptel. « Pour que les communautés d’orignaux survivent, des forêts orphelines qui ne sont pas connectées à d’autres, c’est quelque chose qui ne fonctionne pas », précise Michel Therrien. 

Taux de succès de 14 %

En 2021, dans la réserve faunique de Portneuf, 15 orignaux ont été prélevés sur un total de 104 groupes de chasseurs pour un taux de succès de 14 %. Comparativement, les 29 chasseurs de chevreuils ont prélevé 11 bêtes pour taux de succès de 38 %.  

De même, c’était la première fois en 53 ans qu’aucun orignal n’était prélevé sur le Club de chasse et pêche de la base militaire Valcartier. Son président, Gabriel Lépine, chiffre les pertes de revenus à 50 % depuis que l’érosion des populations d’orignaux s’est fait sentir. « L’alternance des femelles ne fonctionne plus. Est-ce que l’orignal de la région de Québec et de Portneuf, c’est le futur caribou au niveau de l’écologie ? », Michel Therrien pose la question.  

Impliquer les réserves 

En juin, lors de la rencontre avec ministre Pierre Dufour, les réserves fauniques n’étaient pas représentées. Celles-ci occupent 68 % du territoire. Le ministre Dufour a indiqué vouloir communiquer avec les réserves afin de les impliquer à la table du comité Élan.  

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