Les agriculteurs sont comme tout le monde : ils n’aiment pas parler de leur santé mentale. «Ça va passer!», lancent-ils quand ils ont un souci. Mais avant que ça n’aille plus du tout, la travailleuse de rang Myriam Lachance les invite à la contacter.
Depuis septembre, Myriam Lachance est l’ange gardien des familles d’agriculteurs dans Portneuf. Elle est là pour veiller à leur santé psychologique, les soutenir et les guider vers des ressources.
La travailleuse de rang a été embauchée par Au cœur des familles agricoles (ACFA). L’organisme à but non lucratif basé à Saint-Hyacinthe a créé depuis 2003 un réseau de soutien et d’aide psychosociale de 12 travailleurs de rang dans neuf régions du Québec.
Myriam Lachance souligne que c’est grâce au Comité pour le bien-être en milieu agricole de Portneuf, qui en a fait la demande, qu’elle est arrivée dans la Capitale-Nationale.
Dans Portneuf, son travail s’ajoute à celui de L’Arc-en-ciel qui, devant l’augmentation de cas de détresse dans les dernières années, avait commencé à offrir du soutien aux agriculteurs.
Selon Mme Lachance, seulement une demande d’aide sur trois est faite par le producteur. Deux fois sur trois, c’est «l’entourage qui lève un drapeau rouge», soit la famille ou un proche dans le milieu de travail. «Ce n’est pas mal de demander de l’aide», rappelle la travailleuse sociale qui compte 13 ans d’expérience en relation d’aide.
Le manque de relève, la pénurie de main-d’œuvre, les conflits familiaux, les problèmes financiers, l’épuisement, la violence, les problèmes de consommation sont autant de situations qui peuvent fragiliser la santé mentale d’un agriculteur ou d’une agricultrice.
Et ces problèmes sont accentués par le fait que, même si une grande solidarité existe entre les producteurs agricoles, l’agriculteur est «assez seul dans son quotidien». «Il y a beaucoup d’imprévus et de choses déstabilisantes. De la pression, il peut y en avoir beaucoup et c’est bon d’en parler, de ventiler à mesure», conseille-t-elle. «On est là aussi si la personne a des idées noires. On fait de la première ligne», ajoute Mme Lachance. Ses services sont offerts aux producteurs, aux membres de la famille âgés de plus de 15 ans, à la relève ou aux employés.
La travailleuse de rang a un vaste territoire à couvrir qui va de Saint-Ubalde à la Côte-Nord, soit sept UPA locales comptant environ 1080 entreprises agricoles, dont le tiers dans Portneuf. Elle reconnaît que le territoire est grand, mais les moyens de communication ont changé. Elle peut rejoindre les agriculteurs par téléphone, vidéoconférence, en personne aux points de service de l’Arc-en-ciel ou à la ferme. «Il y en a qui m’appellent alors qu’ils fauchent ou qu’ils sont en camion», indique-t-elle.
Cette accessibilité et sa disponibilité – son horaire est celui des agriculteurs – sont essentielles, affirme Mme Lachance. «Un agriculteur va rarement prendre une heure, une heure et demie pour rencontrer un spécialiste quand ça va moins bien», expose-t-elle.
Afin de se faire connaître, elle est apparue l’été dernier dans les marchés publics à Deschambault-Grondines et à Saint-Casimir. Elle a aussi commencé une tournée téléphonique. «J’ai envie de connaître tous mes agriculteurs. Faire partie de leur réseau quand ils vont bien», affirme Myriam Lachance, afin d’établir une relation de confiance et aussi de pouvoir détecter plus rapidement quand ça ne fonctionne pas.
L’embauche de la travailleuse de rang est financée à 75% par Au cœur des familles, grâce à des subventions du ministère de la Santé et des Services sociaux, et le reste par des partenaires locaux, dont l’UPA.
Pour rejoindre Myriam Lachance, il faut téléphoner directement à l’organisme Au cœur des familles, au 450 768-6995. L’organisme les redirigera vers la bonne personne. On peut aussi consulter la page Facebook et le site Web acfareseaux.qc.ca, sous l’onglet «J’ai besoin d’aide».
