De Portneuf, d’où est elle originaire, au stage qu’elle effectue présentement à Rome pour l’Organisation des Nations Unies (ONU), Ève Chalifour a toujours tracé sa voie une étape à la fois. À chaque point tournant dans sa vie, la globetrotteuse évalue les possibilités qui s’offrent à elle et fait un choix en fonction de ce qui la motive le plus.
Johanne Martin
« Ce que j’aime dire, c’est que je n’ai jamais vraiment su ce que je voulais faire, mais que j’ai eu la chance d’avoir des parents et des professeurs qui m’ont encouragée à aller vers ce qui me passionnait », lance d’entrée de jeu la Portneuvienne de 24 ans. De fil en aiguille, en faisant preuve d’ouverture, c’est ainsi qu’elle a pu décrocher, en janvier dernier, un poste de stagiaire en innovation et changement pour le Programme alimentaire mondial de l’ONU.
Ève Chalifour ne souhaite surtout pas être perçue comme une « extraterrestre ». Étudiante douée – elle a reçu la médaille académique du Gouverneur général à la fin de son parcours à l’École secondaire de Donnacona –, la jeune femme lie plutôt son succès au soutien qui lui a été donné et à sa philosophie. « Il faut seulement ouvrir les portes qui nous intéressent et qui peuvent nous amener à une étape qui représente une nouvelle opportunité », dit-elle.
Son cheminement scolaire a tout de même de quoi impressionner. Après l’obtention d’un baccalauréat international et d’un diplôme d’études collégiales complétés simultanément au Cégep Garneau, Ève décide de s’inscrire à HEC Montréal. Elle intègre alors le programme de baccalauréat en administration des affaires (B.A.A.), qu’elle poursuivra sur place pendant deux ans, suivis de deux années supplémentaires à l’Université Bocconi de Milan, en Italie.
Sur fond de COVID
« J’ai été l’une des deux premières à participer à ce double diplôme offert par HEC Montréal et l’Université Bocconi, raconte l’aventurière. J’ai gradué en avril d’une maîtrise qui s’intitule Économie et management des gouvernements et organisations internationales avec une spécialisation en santé. J’ai ensuite fait ma thèse sur la gestion des crises publiques selon le genre de la personne au pouvoir. J’ai utilisé le cas de l’actuelle pandémie de COVID-19. »
C’est précisément le programme de formation choisi par Ève Chalifour qui a permis à celle-ci d’appliquer aux Nations Unies et de se retrouver à Rome, non sans elle-même subir les impacts de la crise sanitaire. « Au départ, mon stage devait être réalisé durant mes études, mais tout a été décalé et il a été accepté que je le fasse à la fin, explique-t-elle. Je suis ici jusqu’en septembre; on verra après si c’est possible de rester ou si je reviens au Canada. »
Espère-t-elle prolonger son séjour? « De mon côté, j’aimerais demeurer en Italie peut-être pour une autre année; j’explore les perspectives, répond la Portneuvienne C’est certain que si je peux continuer dans mon équipe, c’est quelque chose qui est encore à envisager parce que j’adore mon travail. Les projets du Programme alimentaire mondial varient grandement, proposant des solutions complètes allant de l’analyse de problèmes jusqu’à l’implantation ».
« Le plus grand rêve »
Le Programme alimentaire, ou PAM, est la première organisation humanitaire mondiale de lutte contre la faim. En 2019, il a aidé au-delà de 97 millions de personnes dans environ 88 pays et a d’ailleurs reçu le prix Nobel de la paix l’année suivante. Dans le cadre de leurs fonctions, la globetrotteuse et son équipe agissent à titre de consultants pour les directeurs exécutifs, sous-secrétaire général et directeurs à travers tout le système des Nations Unies.
« Ce n’est pas une première pour moi de faire de la consultation. Au cours de mes études à HEC Montréal, j’ai été conseillère en stratégie chez KPMG Canada en tant que stagiaire », note celle qui parle parfaitement le français, l’anglais et très bien l’italien… en plus d’avoir appris la base de la langue des signes. Après avoir été monitrice au camp pour enfants polyhandicapés Laura Lémerveil de Donnacona, Ève a eu le goût d’acquérir cette aptitude.
Pour la suite, la jeune femme a du mal à imaginer ce que l’avenir lui réserve. « Pour moi, à 24 ans, d’être aux Nations Unies constitue déjà le plus grand rêve que je pourrais accomplir dans ma vie même s’il y a beaucoup de formalités et de sacrifices à faire. Je n’ai aucune idée de ce qui m’attend, mais à chaque étape, je rencontre des gens qui me font découvrir un métier totalement différent, une nouvelle possibilité et c’est toujours super intéressant ! »
Un livre de recettes
Que ce soit lors de son passage à l’Université Bocconi ou dans le cadre du stage qu’elle réalise à l’Organisation des Nations Unies, les occasions de rencontre avec des personnes issues d’une multitude de pays ont été nombreuses pour Ève Chalifour. La création de liens avec des gens d’un peu partout en a aussi été une de découverte de nouveaux plats… et d’élaboration d’un livre de recettes en guise de souvenir de ces amitiés qui se sont tissées.
« À la base, la cuisine, c’est quelque chose que j’adore faire et les recettes deviennent une manière de garder mes amis internationaux près de moi lorsque nous devons nous quitter, révèle Ève. Je leur ai demandé de m’envoyer leur recette favorite et mon livre en compte maintenant 55. Je continue de l’enrichir, mais je le fais pour moi, sans intention de le publier. Quand je ne sais pas quoi manger ou que je dois me rendre à l’épicerie, j’ouvre mon livre… »
*CITATION*
« À 24 ans, d’être aux Nations Unies constitue déjà le plus grand rêve que je pourrais accomplir dans ma vie » Ève Chalifour