La ville de Neuville a coupé la poire en deux devant l’opposition de citoyens de modifier les règlements de zonage pour la construction d’édifices de plus de deux étages sur les rives du fleuve.
Le conseil municipal a autorisé le changement de zonage pour la construction d’une résidence pour personnes âgées, mais a refusé celui qui aurait permis la construction de condos locatifs près de la marina.
Le conseil a adopté à l’unanimité le changement de zonage pour y construire la résidence Les Belles Marées sur le terrain de l’ancien poste électrique d’Hydro-Québec en bordure du fleuve, «un projet collectif rassembleur et un atout pour Neuville», a dit la conseillère Marie-Michèle Pagé. Son collègue Simon Sheehy ne voulait pas laisser partir en fumée un rêve collectif tandis que le maire suppléant Jean-Pierre Soucy déplorait qu’un 4e projet d’habitation pour aînés soit contesté en 20 ans. L’abandon des projets précédents a causé l’exode des personnes âgées de Neuville, selon lui. Il n’y a rien pour les aînés à Neuville, a-t-il affirmé. Sa prise de position a choqué les membres du comité Action citoyenne Neuville qui ne remettait pas en question la pertinence d’une résidence pour personnes âgées, mais son emplacement, souligne un de ses membres, Mario Picard.
Le conseil municipal a cependant rejeté à cinq contre un le changement de zonage qui aurait permis la construction de 25 condos locatifs près de la marina. Le promoteur Castella était prêt à réduire la dimension du Commodore pour assurer la réalisation de son projet et se disait prêt à donner la priorité aux retraités de Neuville. Les élus n’étaient pas rassurés. La formule proposée n’a pas convaincu la conseillère Denise Thibault. Selon le conseiller Sheehy, il reste trop d’incertitude et il demande au promoteur de revoir certains aspects de son projet.
Mario Picard ne voit pas le refus d’un des deux dossiers comme une victoire. Selon lui, le projet de Castella aurait dû être refusé au départ. Le conseil a compris que le Commodore n’était pas une habitation pour aînés. Les membres craignent que le projet renaisse de ses cendres.
«Claque dans la face»
Le comité Action citoyenne Neuville demandait un moratoire sur les deux projets de règlement de zonage qui permettaient la construction d’édifices de plus de deux étages sur les rives du fleuve. Les citoyens inquiets ont manifesté le 2 avril devant l’hôtel de ville. Le comité a aussi rappelé que 450 personnes ont également signé une pétition pour s’opposer à ces projets de dézonage. «Un moratoire ne permettrait pas de répondre à nos devoirs d’élus. Nous avons décidé ce soir d’assumer notre rôle et de prendre nos responsabilités à titre d’élus», a déclaré le maire Bernard Gaudreau lors de la dernière séance du conseil municipal le 6 avril.
Les membres du comité voient ce rejet des 310 signatures demandant un moratoire comme une «claque dans la face» et déplorent l’opacité du conseil municipal dans le dossier.