Alexandra Lost, un couple qui s’est trouvé à Saint-Casimir

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Par Denise Paquin
Alexandra Lost, un couple qui s’est trouvé à Saint-Casimir
Simon Paradis et Jane Ehrhardt, le duo Alexandra Lost. Photo - courtoisie

Jamais Jane Ehrhardt et Simon Paradis, les membres du duo Alexandra Lost, n’auraient pu imaginer qu’un virus leur volerait le lancement de leur premier album. Aujourd’hui, les musiciens de Saint-Casimir misent sur Bandcamp et la musique en continu pour promouvoir l’album éponyme, qui confirme leur changement de cap.

Après deux simples et une participation à quelques festivals, le couple se réjouissait de dévoiler ses 12 titres de poésie bien ficelée sur une musique électropop. Or, la campagne bien orchestrée a dérapé lorsque le Québec s’est mis sur pause.

«La pandémie, ce n’était vraiment pas prévu pour nous autres, raconte Simon Paradis en entrevue téléphonique. Ça faisait plus de deux ans qu’on travaillait sur cet album-là. On avait un lancement à Québec et un à Montréal. Attendre une autre année, ce n’était pas dans nos plans.»

Changement de cap

Jane Ehrhardt et Simon Paradis font carrière depuis une quinzaine d’années à Québec. Elle a lancé quatre albums de musique folk-rock-country. Lui préfère l’«indie-rock-folk planant». Le claviériste a commis trois albums, en plus de jouer avec le groupe Anatole et réalise des albums pour des artistes de Québec.

Ils se sont rencontrés, ont commencé à travailler ensemble et déménagé à Saint-Casimir. Ils ont aussi ouvert le Café Ringo, fin 2018, avec un ami artiste en arts visuels, Aaron Bass.

Non, Jane et Simon ne se sont pas perdus à Saint-Casimir, comme pourrait le laisser croire le nom de leur duo. «Alexandra Lost, c’est une chanson de Leonard Cohen. Il y fait un parallèle entre une ville où une femme s’est perdue, c’est super poétique, mais pas très connu», avoue Simon Paradis. C’est aussi à Saint-Casimir qu’on a enregistré en grande partie l’album.

Il compare leur passage à l’électro comme un changement de vitesse. «On voulait faire vraiment autre chose. C’est ça qui nous a un peu redonné la flamme, en fait. En musique, il y a des codes et un moment donné t’as l’impression d’avoir tout dit. Mais avec l’électro, comme il y a d’autres codes, d’autres phrasés, ça nous faisait sortir quelque chose qu’on n’avait jamais dit avant», explique-t-il.

C’est Jane qui a eu la vision initiale. «Elle s’est mise à faire des beats à son ordinateur. Une nouvelle méthode de composition ça mène à une autre forme de poésie qui n’est pas la même qu’un auteur-compositeur avec sa guitare sèche», ajoute-t-il.

Le couple mixe les styles aussi bien que leurs origines et leurs langues maternelles, l’anglais et le français. «Le prochain défi : on aimerait ça intégrer plus de français», assure-t-il. S’ils contribuent tous les deux à l’écriture et à la composition, «les paroles c’est plus le domaine de Jane», reconnaît son conjoint.

L’influence de Jane, c’est aussi dans les personnages féminins, plus présents dans les chansons. Les textes racontent des drames, des bouts heureux également, dit Simon Paradis. «Il y a aussi comme un côté échappatoire. Il y a une chanson qui parle de prendre sa voiture et de peser sur le gaz… Comme pour se sauver de l’endroit où on existe», explique le musicien. Une idée qui pourrait passer dans la tête de quelqu’un confiné par la pandémie ? «Depuis cette crise-ci, on constate que nos chansons prennent un sens qu’on n’avait pas prévu», reconnaît-il.

Pas de lancement virtuel

Le duo n’était pas chaud à l’idée de faire un lancement virtuel avec spectacle, mode de diffusion pourtant très populaire actuellement dans le milieu musical québécois.

La solution est venue de Vincent Cossette, de leur label Pantoum Records, à Québec. «Vincent nous a dit à la blague : “Vous devriez faire une vidéo pour chaque chanson.” C’était déjà dans notre démarche. Faire une vidéo pour l’album au complet, finalement, ça a été notre solution», dit-il.

Le premier titre de l’album, «Fleeting Dance», posé sur des images d’un vieux film muet allemand, a été retenu et c’est lui qu’on peut découvrir dans le site Internet de Pantoum (lepantoum.com).

Seulement 300 exemplaires vinyle de l’album ont été pressés. Ils sont disponibles sur Bandcamp. L’album est aussi téléchargeable sur les plateformes comme Spotify, Apple Music, etc.

«Pour les spectacles physiques, j’ai l’impression qu’on parle de cet hiver, le printemps prochain. On parle quand même d’une longue pause», prévoit Simon Paradis. Il se désole de la situation très précaire dans laquelle la pandémie a plongé les artistes. «Pour le Café, on va être fermé plus longtemps. On pourrait accueillir deux personnes», laisse-t-il tomber. «Pour la musique, les aides gouvernementales commencent à se terminer. Le financement dans le culturel n’est pas vraiment en contact avec les gens qui travaillent dans ce milieu-là. Ce qui fait qu’on ne reçoit pas vraiment grand-chose», conclut-il.

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