Coupe au Centre d’archives régional: la mémoire des Portneuvois en péril

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Par Denise Paquin
Coupe au Centre d’archives régional: la mémoire des Portneuvois en péril

L’incertitude règne au Centre d’archives régional de Portneuf. L’organisme qui préserve depuis 20 ans la mémoire des Portneuvois s’est fait couper la moitié de sa subvention de fonctionnement par Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Dans le but d’instaurer un mode de financement basé sur la performance, BAnQ a réduit la subvention des 32 services d’archives privés qu’elle soutient au Québec. Le Centre d’archives régional de Portneuf a perdu 15 000$ des 28 000$ que BAnQ lui allouait. Le montant est important puisque l’organisme fonctionne avec un budget annuel famélique de 75 000$. «On trouvait que ça allait assez bien, qu’on était assez performants, imaginatifs. On avait dégagé une marge de manoeuvre!» déclare le président Christian Denis. Dans un article publié dans le journal Le Devoir le 25 avril, la directrice de BAnQ Hélène Laverdure affirme que les centres d’archives doivent apprivoiser une «nouvelle culture d’autofinancement». BAnQ attribuera désormais son argent aux projets qui viseront la diffusion (expositions, blogues) plutôt que l’acquisition et le traitement d’archives. «La diffusion apporte de la visibilité, mais ce n’est pas une source de revenus», plaide Christian Denis. Son seul espoir est la rencontre commandée par le député Michel Matte le 28 mai. «Si on ne s’occupe pas de la mémoire des familles, des individus, qui va s’en occuper? Ce sont eux qui ont façonné l’histoire», affirme M. Denis, un conservateur du Musée des civilisations de Québec récemment retraité. «En octobre, on saura le montant qui nous sera versé. Ce ne sera pas plus que 15 000$ et on pourra être coupé», explique le directeur Daniel St-Amant. Il voit venir avec appréhension les prochains mois. En reportant à novembre l’allocation de sa subvention, BAnQ change le calendrier et crée un vide. «On sera sans aucun revenu durant deux mois. Même s’il en rentre, ce ne sera pas suffisant pour se rendre», dit le directeur pour qui le 20e anniversaire du Centre d’archives, le 29 mai, prendra un goût amer. «La situation est semblable partout. C’est le désengagement de la culture en général depuis 20 ans», déclare Christian Denis. «On a beau être imaginatifs, les sources de financement sont limitées dans Portneuf», dit le président qui tient à remercier la MRC. Son principal soutien consiste à loger le centre dans l’ancien centre d’information touristique à Deschambault-Grondines. Le Centre d’archives régional de Portneuf conserve 235 000 photos et négatifs, 169 mètres linéaires de documents, 974 cartes et plans, 607 heures d’enregistrement sonores et 25 087 heures de documents filmés. Ces milliers de documents sont confiés par des individus, des organismes et des entreprises. Le directeur et des bénévoles (trop peu nombreux, signale M. St-Amant) les analysent, les classent et les protègent pour l’avenir et pour les chercheurs et les particuliers qui viendront les consulter. Parmi les documents les plus significatifs, on trouve l’acte de cession de la Seigneurie de Grondines en 1699 et les fonds des photographes Déry et Sauvageau.    

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