Inondations à Saint-Raymond: des solutions à l’horizon

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Par Denise Paquin
Inondations à Saint-Raymond: des solutions à l’horizon

Les spécialistes des glaces de l’UL Brian Morse et Benoît Turcotte ont exposé leurs nouvelles recommandations devant 175 personnes lors d’une soirée d’information très attendue du comité rivière au centre multifonctionnel, le 18 novembre.

De novembre 2014 à avril 2015, les chercheurs et leur équipe, qui comprend maintenant des gens de l’Université de Montréal, ont suivi de près le cycle de formation des glaces et des débâcles sur une distance de 32 kilomètres entre le barrage Tembec à Chute-Panet et le pont de la rivière Tourilli.

Ils ont passé une soixantaine de jours dans l’eau et sur la glace à sonder la rivière. Grâce aux relevés de bathymétrie (profondeur), de débit, de niveau d’eau, de sédimentation et aux images captées par des caméras postées à des endroits stratégiques, ils savent maintenant ce qui se passe dans le cours d’eau l’hiver.

Le problème de la Sainte-Anne c’est que le couvert de glace se fait tardivement en amont du barrage estacade en raison de sa pente prononcée dans ce secteur, a résumé le chercheur Benoit Turcotte. Le même problème a été noté dans une autre portion de la rivière près du pont de la rivière Tourilli.

Durant une partie de l’hiver, l’eau ne gèle pas dans ces rapides tumultueux. Au contact du froid – qui a descendu à – 38 ºC l’hiver dernier -, la rivière fabrique du frasil. Ces morceaux de glace en suspension vont s’agglutiner sous la glace entre le pont Chalifour et le barrage estacade.

De 300 000 à 400 000 tonnes de glace viennent ainsi s’accumuler dans le lit du cours d’eau. «Une tonne, c’est un mètre cube. Un frigo c’est deux mètres cubes. C’est 150 000 à 200 000 frigos qui s’accumulent au centre-ville», a illustré Benoit Turcotte. Quand un coup d’eau survient, c’est l’inondation.

 

Recommandations

À la lumière de ces nouvelles données, les spécialistes ont mis à jour leurs recommandations de l’an dernier.  

Leur objectif est de diminuer la formation du frasil en favorisant la création rapide du couvert de glace sur la rivière au début de l’hiver. De plus, ils veulent retenir dans deux secteurs en amont du centre-ville le frasil qui sera produit par la rivière Sainte-Anne.

Le premier outil dans cette lutte est le barrage estacade. Selon Benoit Turcotte, l’ouvrage qui appartient au ministère des Richesses naturelles n’est actuellement d’aucune utilité. «On voudrait que ce barrage-là retienne les glaces, et toutes les glaces sont en aval du barrage. Ça devrait être le contraire», a-t-il affirmé photo à l’appui.

À deux endroits précis de la rivière (à 6,1 et à 23,6 kilomètres en amont du barrage Tembec), les chercheurs veulent simuler et tester des ouvrages tels que des estacades flottantes et des estacades avec filets, le rehaussement ou la construction d’un seuil et le dragage des sédiments derrière le barrage estacade. Il semble impossible pour l’instant de penser à rehausser l’estacade, car sa base ne serait pas assez solide.

«C’est la solution idéale. Maintenant il faut trouver la solution idéale sur le plan technique. Si on fait ça, c’est le coeur du problème», a exposé M. Turcotte en montrant deux simulations du volume de frasil accumulé au centre-ville entre 2003 et 2015, dont celui de l’inondation de Noël 2003 qui aurait atteint le chiffre sans équivalent de 900 000 tonnes.

L’équipe de chercheurs propose aussi de rehausser le barrage Tembec et d’y installer de nouvelles vannes qui permettraient de contrôler le niveau d’eau. Elles seraient aussi utiles pour affaiblir le couvert de glace.

Une nouvelle approche devrait être envisagée pour l’affaiblissement du couvert de glace. Le but est d’accélérer l’intervention de la pelle mécanique et de la pelle amphibie. Les chercheurs proposent même la conception d’un nouvel équipement téléguidé qui ne mettrait pas le conducteur en danger.

L’idée de chauffer l’eau n’est pas abandonnée. Il faudra évaluer le coût des sources de chaleur. Un spécialiste a intégré l’équipe pour étudier ce sujet particulier.

Les scientifiques recommandent enfin la création et la mise en place d’un système de détection de la débâcle. La prévision jusqu’à cinq jours à l’avance pourrait permettre des interventions plus appropriées et aux résidants de se préparer.

Pour le chercheur Bryan Morse, le creusage systématique de la rivière doit être oublié parce que ce n’est plus une technique en phase avec le milieu naturel. De plus, l’opération ne serait pas autorisée par le gouvernement et son impact positif à long terme n’est pas garanti.

«Nous sommes déterminés à trouver les causes des embâcles au centre-ville», a déclaré le maire Daniel Dion, tout en reconnaissant que le travail est colossal.

«C’est sûr que plusieurs gérants d’estrade vont nous dire que ce sont encore des études, que ça prend du temps, mais nous n’avons pas le choix. Si nous voulons avancer, bâtir des infrastructures, des équipements concrets dans la rivière, changer le débit dans la rivière en creusant ou en déplaçant certains sédiments, nous n’aurons pas le choix de toutes ces études pour obtenir les permis et les autorisations des différents ministères du Québec, en particulier du ministère de l’Environnement» a-t-il dit.

La Ville a déjà injecté plus de 100 000$ dans cette étude de la rivière et des causes des inondations. M. Dion a indiqué qu’il n’y a pas montants qui sera prévu au prochain budget pour des travaux. Il se dit content de l’évolution des études qui sont orientées vers une solution permanente.

À son avis, il est clair que Saint-Raymond devient, avec l’octroi de la subvention de 250 000$ annoncée lundi, le projet-pilote pour l’ensemble du Québec. Tout ce qu’il souhaite, c’est que le mouvement amorcé à la suite de l’inondation d’avril 2014 ne s’essouffle pas cette fois.

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