Dans sa décision de 122 pages rendue le 10 octobre, la Commission des transports du Québec donne raison à la compagnie de transport. Autocars Orléans Express demandait la réduction de services dans les corridors interurbains déficitaires afin de rétablir sa situation financière.
La compagnie a plaidé que l’interfinancement (les routes payantes financent celles déficitaires) ne tient plus. En 2013, la compagnie a perdu 3,4 millions $ sur des opérations interurbaines dépassant les 38 millions $.
La Commission des transports affirme que de «rejeter les demandes d’Orléans dans un contexte de pertes financières de cette ampleur pourrait avoir pour conséquence de faire en sorte qu’Orléans cesse complètement ses opérations». La compagnie s’est engagée à appliquer un plan de redressement et sera convoquée devant la Commission dans un an pour faire un bilan.
En chute libre
La plupart des régions du Québec sont touchées par ces réductions. Il n’y aura plus de transport entre Trois-Rivières et La Tuque, par exemple. Les autocars Orléans disparaîtront également de la route 138 entre Québec et Trois-Rivières le 1er janvier.
À l’heure actuelle, des autocars passent deux fois par jour sur le trajet Montréal-Québec et une fois sur le Québec-Montréal. Le trajet direct par l’autoroute 40 sera maintenu, mais le service sera réduit de sept à cinq jours.
Dans le seul corridor Montréal-Québec, les revenus de la compagnie ont baissé de 23,5 à 19,2 millions $ depuis 2010. Le nombre de passagers est en chute libre. Il a diminué de près de 90 000 (10,4%) alors que les frais d’exploitation ont grimpé de 8,4%. L’automobile et les services de covoiturage comme Amigo Express et Allo Stop ont grugé les parts de marché de l’autobus.
À Donnacona comme à Deschambault, les passagers ne sont pas nombreux. Mais la compagnie Orléans n’a pas voulu rendre les chiffres publics lors de l’audience de la Commission des transports à Trois-Rivière le 3 septembre, à laquelle aucun représentant de Portneuf n’a assisté. Le nombre réduit de passagers avait amené Orléans Express à faire l’embarquement sur demande sur six des sept arrêts sur la route 138 dans Portneuf.
Ce sont d’ailleurs les chiffres sur la situation d’Orléans sur le trajet Québec-Montréal qui ont convaincu la MRC de Portneuf de ne pas intervenir lors des audiences de la Commission de transport en septembre.
Selon le préfet de la MRC de Portneuf, Denis Langlois, le nombre de passagers dans Portneuf équivaut à 0,1 embarquement par arrêt sur le trajet à destination de Québec. Donnacona, avec 1400 embarquements par année, est le point de service le plus important.
«Une de nos craintes c’est qu’ils viennent piger dans l’enveloppe du transport régional», avance Denis Langlois. Une telle demande pourrait entraîner un partage de l’enveloppe et une diminution des subventions accordées à la Corporation de transport régional de Portneuf. La MRC pourrait accepter qu’Orléans Express obtienne du financement public à la seule condition qu’il abandonne son permis sur la route 138. «Si le gouvernement accepte de les financer et qu’ils ne desservent plus Portneuf, qu’ils renoncent à l’exclusivité sur la route 138», a déclaré Denis Langlois.
La Corporation de transport régional pourrait penser à hausser le nombre d’arrêts ou modifier les horaires sur son trajet Deschambault-Québec. «Il faudra négocier avec eux», prévoit le préfet Denis Langlois.
Le texte intégral de la décision peut être consulté sur le site Internet de la Commission au www.ctq.gouv.qc.ca.