Un lendemain douloureux

Par cpierredrolet
Un lendemain douloureux

La scène peut être comparée à la catastrophe de l’Empress of Ireland en mai 1914. Le voyage de ce bateau parti de bon matin dans l’allégresse s’est terminé quelques heures plus tard par un désastre retentissant.

Sous la contrainte financière à laquelle notre société doit faire face, notre Fabrique a été frappée de plein fouet pour sombrer irrévocablement.

Pensons à ce moment historique de 1950 où les paroissiens se sont regroupés pour réaliser une restauration majeure de notre temple et en faire un joyau unique à laisser aux générations futures.

Une dernière célébration empreinte de nostalgie et de tristesse où la chorale, avec des chants anciens, nous a bien accompagnés. Nous assistions aux funérailles de notre église par la désacralisation du temple qui s’est faite dans les règles de l’art, même si la cérémonie revêtait un sentiment de profanation, interrompant toute célébration eucharistique dans cette église qui était depuis près d’un siècle le centre d’une vie profonde: la sortie des objets bénis, les cierges éteints, la lampe du sanctuaire, identifiant un lieu sacré, éteinte. La tristesse m’a envahi et j’ai étouffé mes sanglots en voyant la lampe qui ne semblait pas vouloir s’éteindre dans son ultime agonie.

Notre église venait de rendre l’âme.

Mais notre église a une âme qui peut renaître un jour sous un élan de ferveur nouvelle qui viendrait changer l’ère de paganisme que nous traversons.

Loin de moi l’idée de dénigrer les responsables qui ont fait face à ce dilemme incontournable. Après des analyses sérieuses, la meilleure décision a été prise: celle de joindre à la paroisse Notre-Dame de Donnacona les éléments distincts de notre population. Après un exercice extrême, mieux vaut prendre une mauvaise décision que de n’en prendre aucune. Sans l’ombre d’un doute, si la décision peut être qualifiée de mauvaise, nul ne peut le prédire.

Personnellement, je suis persuadé que la population de Donnacona accueille à bras ouverts les paroissiens en détresse. Qu’on me permette néanmoins la suggestion de renouveler cette approche inscrite à l’entrée du sanctuaire, qui semble disparue, mais qui me rejoint encore: «Venez à moi vous qui souffrez et je vous consolerai.»

 

Gérard Denis

Donnacona

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