Réjean Denis: porteur de tradition

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Par Steeve Alain
Réjean Denis: porteur de tradition

«Les gens ont aimé ça. Et moi aussi», se souvient Réjean Denis. C’était en 1978 au Festival de la patate de Saint-Ubalde. M. Denis venait de terminer la présentation de son premier conte. Trente-six ans plus tard, la flamme du conteur et musicien traditionnel ne s’est pas éteinte.

Déjà intéressé par les contes, les légendes, les coutumes et les traditions québécoises, l’homme natif de Saint-Ubalde enseignait en éducation physique au Petit Séminaire de Québec quand il s’est imprégné de dizaines de récits. «J’ai passé un hiver à lire des livres sur le sujet à la bibliothèque du Séminaire», explique M. Denis. Il avait 31 ans.

L’intérêt pour les récits traditionnels a émergé par lui-même chez le Portneuvois. Il souligne qu’il n’y avait pas de conteur dans sa famille. Il y avait peut-être un arrière-grand-père qui pouvait se rapprocher d’un tel titre, mais sans plus.

Les débuts

Toujours attaché à son village, M. Denis animait la criée au défunt Festival de la patate de Saint-Ubalde durant les années 1970. «Robert Lavallée m’a demandé si j’étais intéressé à faire un conte dans le cadre d’une soirée traditionnelle québécoise au Festival», se rappelle-t-il.

Il y présentera en 1978 un conte adapté inspiré de l’orme des Hamel, de «La corvée des Hamel», du frère Marie-Victorin, un écrit publié dans les Récits laurentiens. «Le conte était long, 20 minutes. J’ai été surpris: les gens ont aimé ça. Et moi aussi», dit M. Denis.

Les histoires allaient continuer de prendre ou reprendre vie par son intermédiaire. Son répertoire s’élargira au fil des ans. Il aura tout lu de Philippe Aubert de Gaspé, en passant par Louis Fréchette, jusqu’à Fred Pellerin. Il adaptera les contes traditionnels et en écrira des originaux issus de son propre imaginaire.

Au fil du temps, il raffinera ses techniques d’interprétation. «Il est plus difficile de faire rire que pleurer», soutient M. Denis. Le conteur de Saint-Ubalde maîtrise aujourd’hui une vingtaine de récits qu’il peut relater en tout temps à son auditoire.

Les participants aux célébrations du 150e anniversaire de Saint-Ubalde en 2010 ont encore une fois eu le privilège d’entendre M. Denis leur raconter les mœurs et coutumes d’autrefois lors de plusieurs activités. Cette fois, il avait pris les traits de son ancêtre Joseph Denis pour ses conférences.

Musique

Réjean Denis a ajouté des cordes à son arc de conteur. Il apprendra à jouer de la guitare à l’âge de 32 ans, puis du violon, à l’âge de 45 ans. Les instruments lui serviront pour interpréter particulièrement des œuvres du folklore québécois.

Retraité de l’enseignement en 1997, il formera ensuite avec Robert Lavallée, Denis Auger, Jean-Marc Lavallée et Réginald Hardy, durant cinq ans avec ce dernier, le groupe Tricoté Serré.

Les spectacles fusionnant la musique, les contes et les chansons traditionnels connaîtront un grand succès ici et en Europe. Le groupe effectuera plusieurs tournées en France. «En France, le vocabulaire est différent. Il fallait adapter les contes», explique M. Denis.

Le «conteur violonneux» est maintenant membre du groupe Batiscan, formé en 2011, en compagnie de Rachel Leblanc et de Raymond Pagé. Les spectacles pour grand public comprennent toujours chants et contes.

Transmission

Gagnant du prix du Patrimoine 2013 de la MRC de Portneuf dans la catégorie Porteurs de tradition, Réjean Denis transmet aujourd’hui aux plus jeunes sa passion du conte et de la musique.

Il anime appuyé de Mme Leblanc des ateliers de contes dans les écoles primaires. «On leur enseigne comment construire un conte et comment le présenter. Des jeunes se sont révélés dans ces ateliers. On peut être surpris de leur imagination. Tous les jeunes devraient avoir ce genre de cours», soutient M. Denis.

L’homme a aussi contribué à la mise sur pied du Festival du conte du Centre l’Ardoise de Saint-Casimir en 2006. Il est aussi membre fondateur du Club de guitare qui présente au même endroit des déjeuners musicaux.

Réjean Denis enseigne depuis 2001 le violon traditionnel à l’École de musique Denys-Arcand de Deschambault-Grondines. Ses deux filles maîtrisent également l’art musical. Tous les jours, il prend son violon et son archet et la musique illumine sa maison du rang Saint-Achille.

Projets

Le «conteur violonneux» prévoit animer d’autres ateliers auprès des jeunes des écoles primaires au cours de la prochaine année scolaire.

Il travaille aussi à la réalisation d’un nouveau projet au Centre culturel de Saint-Ubalde pour l’automne prochain. M. Denis souhaite que des familles de la localité y présentent chaque mois à tour de rôle des spectacles originaux de musique, de chants et pourquoi pas, de contes.

Une histoire à suivre et qui sait, peut-être à raconter dans quelques décennies…

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