La LIPS: fusion de créateurs libres

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Par Steeve Alain
La LIPS: fusion de créateurs libres

Pour une deuxième période des Fêtes consécutive, la Maison Plamondon à Saint-Raymond s’est illuminée de l’œuvre «De temps en temps» réalisée par la LIPS. Rencontre avec Denis Baribault, membre du regroupement d’artistes dont l’essence est la liberté de création.

D’abord, contrairement à ce que certains peuvent croire, la LIPS ou Ligue des intervenants portneuvois du spectacle n’est pas née du dernier hiver. En fait, elle a vu le jour au début des années 1980, peu de temps après la création du théâtre de la Ligue nationale d’improvisation et au moment où les «Lundis des Ha! Ha!» faisaient un tabac au Québec.

La LIPS, à son origine pour «Ligue d’improvisation de Portneuf à Saint-Raymond», a connu dès le départ un grand succès avec de jeunes artistes qui s’éclataient sur la «patinoire» devant environ 300 personnes réunies chaque vendredi soir à l’école secondaire Louis-Jobin.

De l’impro au théâtre

Denis Baribault, membre du regroupement d’artistes depuis les débuts en compagnie d’Odile Pelletier, se souvient que des affinités se sont rapidement découvertes entre les improvisateurs des quatre équipes de la Ligue.

«Les équipes qui ne jouaient pas préparaient l’animation durant les entractes. À un certain moment, les gens attendaient quasiment les numéros de l’entracte», se rappelle M. Baribault.

Aux improvisateurs de la première heure se sont greffés peu à peu des artistes issus du monde du théâtre et des nouveaux projets sont nés. Dès lors, l’objectif de la LIPS est la promotion d’activités culturelles dans la région de Portneuf, sous l’impulsion de jeunes créateurs.

Le premier spectacle de théâtre de la LIPS fut une pièce écrite par Jocelyn Duplain et intitulée «Le thérapeutique show». Le groupe a aussi évolué en théâtre d’intervention dans le milieu scolaire, produisant plus d’une vingtaine de pièces thématiques dans des écoles primaires et secondaires de la grande région de Québec.

Les revenus engendrés par les contrats avec les commissions scolaires permettront d’acheter de l’équipement professionnel et de produire d’autres spectacles, dont des pièces de Michel Tremblay.

Exploration artistique

Plusieurs types de théâtre ont été explorés par le groupe composé de différents artistes qui s’y associent selon les projets. La LIPS a entre autres collaboré à la réalisation d’émissions humoristiques à la télévision communautaire de Saint-Raymond et produit des pièces de théâtre d’été.

«On s’est mis à avoir notre couleur. On s’est trouvé des façons de faire, un peu underground», dit M. Baribault. Scène au décor dépouillé ou musiciens en direct durant une pièce théâtrale ne sont que quelques-uns des choix risqués effectués par les artistes jumelés à la LIPS.

Liberté et originalité

La naissance de l’Espace culturel, une petite salle de spectacle aménagée durant quelques années au sous-sol du Centre de la petite enfance Nid-des-Petits à Saint-Raymond, permettra de bonifier l’activité culturelle et aux artistes de la LIPS de faire preuve d’originalité.

«On avait toujours une signature visuelle, quelque chose qui sortait de l’ordinaire», précise M. Baribault. En fait, tout au long de l’évolution de la LIPS, un élément demeurera essentiel pour ses membres : liberté dans la création.

«On a toujours choisi nos projets. Ce qui est le «fun» avec la LIPS, c’est son côté rebelle, une indépendance qui permet de faire ce qu’on veut faire », soutient M. Baribault, qui avoue que le manque de financement demeure toujours un problème, mais qu’il n’a pas empêché la création.

Du théâtre à l’art visuel

La LIPS est devenue au fil des ans la Ligue des intervenants portneuvois du spectacle. Elle œuvre actuellement principalement dans le domaine des arts visuels. «On bascule vers les arts visuels, mais ça ne veut pas dire qu’on ne retournera pas au théâtre», signale Denis Baribault, rappelant que le regroupement n’est pas capable de se compartimenter dans une seule forme d’art.

Récemment, des productions de la LIPS ont fait belle figure à Vidéaste recherché et son court-métrage «De temps en temps» présenté dans les fenêtres et l’œil-de-bœuf de la Maison Plamondon a remporté le Prix du patrimoine 2013, catégorie «Interprétation et Diffusion», de la MRC de Portneuf.

Sévryna Lupien et M. Baribault ont travaillé environ 80 heures par semaine à deux pour réaliser le film projeté de l’intérieur vers l’extérieur. «C’est un pari qui a marché», se réjouit le créateur.

Le projet a été présenté comme coup de coeur au Congrès annuel de Rues principales en septembre dernier, au Capitole de Québec. Un atelier animé par les deux concepteurs était au programme du congrès.

«De temps en temps» et «La fresque de nuit», une projection sur la cathédrale de Mont-Laurier, ont été donnés en exemple comme projet réussi de mise en valeur culturelle et d’animation de secteur grâce aux technologies. «Ça fait drôle. Il y avait notre projet de 16 000$ et un autre de 2 M$, La fresque de nuit», explique Denis Baribault.

Projets

La LIPS compte entre 80 et 100 productions depuis ses débuts et ses membres ont d’autres projets sur la table en 2014, dont des spectacles humoristiques. D’ici là, elle souhaite restructurer son organisation, notamment en ajoutant des membres à son conseil d’administration composé actuellement de six personnes.

Les dirigeants de la LIPS souhaitent aussi élargir son bassin d’artistes et rêvent d’avoir accès à un local peu coûteux où il sera possible de continuer d’innover artistiquement.

Une chose est certaine toutefois, tel un électron libre, les membres de la LIPS entendent demeurer indépendants et continuer de produire des oeuvres bien souvent hors des conventions. «L’exploration nous allume» affirme en conclusion M. Baribault.

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