S’interdire le bonheur

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Par Geneviève Lapointe
S’interdire le bonheur

La recherche du bonheur est une question complexe car elle relève à la fois de ce qui est universel, mais aussi de ce qui est personnel. Le parcours de chaque personne et ses intérêts donnent une tonalité particulière à ce qu’elle va investir en elle et autour d’elle pour ressentir un état de bonheur. Le philosophe français Jean-Louis Chrétien nous donne une description de cet état: «l’élargissement de l’espace, aussi bien extérieur qu’intérieur, dans la joie selon les diverses formes et directions qu’il peut prendre ». En ce sens, un beau paysage, une randonnée en motoneige, un souper entre amis peut provoquer un élan de bonheur. Mais, bien que nous puissions penser que chacun cherche son bonheur, la chose ne va pas de soi et plusieurs résistances peuvent se présenter pour le garder hors de portée. C’est le cas des gens qui recherchent le bonheur et se l’interdisent en même temps. Il s’agit d’un paradoxe qui maintient la personne dans un état de tension.

Les manières de se bloquer l’accès au bonheur sont nombreuses. Il y a d’abord ceux qui diront que le bonheur n’existe pas. Il est plus simple de penser qu’il ne se trouve pas plutôt que de questionner en quoi sa propre façon de faire rejette le bonheur. Se confronter à des aspects de soi peut pourtant faire la différence. Par exemple, pour une personne seule qui s’ennuie chez elle, la décision d’être active pour se désennuyer l’amène à expérimenter de nouvelles activités qui peuvent lui plaire et qui lui permettent d’apprendre à se connaître davantage. Cela lui donne plus de chance d’entrer en contact avec des sensations agréables qui s’apparentent au bonheur.

Parfois l’origine de ces résistances prend racine dans l’enfance et persiste encore à l’âge adulte. Des efforts inconscients sont déployés quotidiennement pour maintenir un interdit face au bonheur comme par exemple chez ces gens qui sont très ou trop serviables et qui s’épuisent à force de tout donner. Ou chez ceux qui vivent essentiellement dans le but d’effectuer des tâches sans prendre du temps de repos et de loisirs pour refaire leurs énergies. Bien souvent, derrière ce schème répétitif de comportements se cache la peur de vivre le bonheur.

D’autres vont sentir qu’ils ne méritent pas d’être heureux car ils sont incapables de se pardonner des fautes du passé. Ils paient donc une dette sans fin en s’interdisant le bonheur, mais cela ne règle en rien le problème.
Enfin, certains souffrent de dépression au point de perdre l’espoir que la vie sera bonne pour eux. Dans les cas plus intenses, ils sont affectés d’une très faible estime de soi qui les empêche même de concevoir que le bonheur peut revenir. Un traitement de psychothérapie et/ou une médication est alors suggéré pour outrepasser cet état de désespoir.

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