S.O.S. mamans: Facebook à l’écoute

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Par Denise Paquin
S.O.S. mamans: Facebook à l’écoute

En deux ans, cette page Facebook est devenue l’un des carrefours numériques les plus achalandés de la région. Des  femmes de tous les milieux et de toutes les localités en ont fait leur lieu de rencontre. Leur point commun: être enceintes ou mères d’un bambin d’âge préscolaire.

Esther Savard a eu l’idée de créer ce forum il y a deux ans. «J’étais dans un creux, mes amies n’avaient pas d’enfants. Il y a des tranches de vie qu’on ne peut pas partager», explique la mère de quatre enfants qui habite à Portneuf.

Elle s’est vite rendu compte qu’elle n’était pas la seule à souhaiter partager des «tranches de vie» de nouvelle maman. Facebook, le réseau social le plus populaire au monde, s’est imposé comme l’endroit idéal pour les faire se rencontrer. Plusieurs régions du Québec sont dotées de tels groupes. Il en existe au moins trois à Québec.

Rapidement, la page s’est transformée en réseau d’entraide avec l’apport de mères aux riches expériences. «Tout le monde a une connaissance en quelque chose. On les met en commun», explique Esther Savard qui gère la page avec quatre autres mamans.

Les femmes apprécient l’accessibilité offerte par le réseau social. Il est facile de s’en servir «en donnant le boire avec le téléphone dans une main connecté sur Facebook», illustre AnaÏs Leclerc Gignac, une mère de trois enfants de Donnacona. «En soirée, tu n’es pas toujours capable d’avoir la ligne quand tu appelles à quelque part. C’est un soutien direct», expose Esther Savard. «Avec les médias sociaux, il y a toujours quelqu’un en ligne, même la nuit!» ajoute Émilie Germain, de Donnacona, qui attend son deuxième enfant.

Comme les participantes proviennent de tous les milieux, elles mettent en commun une foule de renseignements et de trucs. On y discute beaucoup d’allaitement, de dodos et des préoccupations inhérentes à la nouvelle vie de famille. «Les discussions et les conseils permettent de se faire une idée sur ce qui est le mieux pour son bébé. Cela permet aussi de faire une réflexion», affirme  Esther Savard.

Les membres parlent aussi de sujets financiers relatifs aux congés et aux allocations, comme le régime québécois d’assurance parentale, de conciliation travail-famille ou de retour au travail.

En plus de publiciser des événements et sorties, le regroupement crée ses propres rencontres. Des appels sont lancés pour des déjeuners, des marches, du zumba bébé et même de la cuisine collective, énumère Anaïs Leclerc Gignac. «Le groupe permet d’embaucher un formateur», souligne Esther Savard qui ajoute que des cours de réanimation cardio-respiratoire et de langage des signes ont été organisés de cette façon.

Mais plus que tout, les jeunes mamans chérissent la liberté de parole que leur assure le statut de groupe privé. N’entre pas qui veut dans leur agora numérique. Les gestionnaires filtrent les admissions et veillent à bloquer la porte à la sollicitation et à la publicité. «On peut parler sans tabou et évoluer dans notre rôle de maman, parce que les discussions sont intimes, sans gêne», affirme Anaïs Leclerc Gignac. «Il y règne un climat de respect et de confiance. Les gens s’ouvrent de plus en plus», ajoute-t-elle.

«C’est un deuxième réseau de familles pour élever les enfants», résume Maire Lacasse, infirmière en périnatalité au CSSS de Portneuf. Abonnée au groupe en tant que maman de Charlotte, l’infirmière n’a que de bons mots pour cet usage de Facebook. Elle en étudie même les impacts positifs dans sa thèse de maîtrise en préparation.

«La technologie permet d’avoir de la meilleure information et de faire connaître les formations, comme les cours prénataux. C’est mieux que les recettes de grands-mères. Il y a moins d’histoires d’horreur», explique Mme Lacasse. Elle en donne la référence lors de ses rencontres avec de futures mères. «Ça devient un outil complémentaire et ça permet d’améliorer ma pratique en évaluant les besoins», affirme l’infirmière qui avoue que la page lui permet également de garder un oeil bienveillant sur ses protégées.

Enfin, la page Facebook est un lieu pour socialiser, pour briser l’isolement. Plusieurs nouvelles mamans souffrent d’être mises à l’écart du travail et de leur réseau de connaissances lors d’un congé de maternité. La coupure est encore plus sévère pour les jeunes femmes nouvellement installées dans Portneuf. Émilie Germain avoue y avoir trouvé un grand réconfort: «J’ai vraiment vécu de l’isolement social. J’ai appris à apprécier mon nouveau milieu de vie, à développer des amitiés», témoigne-t-elle.

 

 

 

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