Célébrer notre différence

Photo de Robert Jasmin
Par Robert Jasmin

Dans quelques jours, nous nous fêterons. Le 24 juin sera l’occasion de réjouissances de toutes sortes mais aussi celle de nous souvenir. De nous rappeler le sens de cette fête commune à tous les Québécois et Québécoises. Chaque nation a sa fête nationale comme chaque individu a son anniversaire. Ce peut être le moment de faire le point, de dresser un bilan, de se demander d’où l’on vient et vers quoi on se dirige. La fête nationale du Québec nous rappelle que notre grand petit peuple (petit en nombre mais grand en réalisations) n’a pas à s’excuser d’exister et d’être différent. Qu’il n’a pas à s’excuser de parler français et de demander à ceux qui se joignent à nous d’apprendre cette langue et de la parler aussi. Que notre langue fonde notre personnalité commune et que tout nouvel arrivant qui accepte ce principe devient aussi Québécois que celles et ceux qui sont ici depuis des générations. Notre fête nationale nous rappelle en somme que la langue française que nous défendons depuis des siècles dans cette Amérique anglophone et hispanophone est notre seule et unique carte d’identité. Sans celle-ci nous serions exactement comme les autres Nord-Américains, les mêmes clients de Walmart, les mêmes consommateurs de malbouffe, et les mêmes abonnés à Netflix. Avec elle, non seulement nous nous distinguons mais nous disons le monde autrement : la langue n’est pas seulement un instrument de communication, elle dit la réalité à notre manière. Elle n’est pas meilleure, elle est autre. Un écrivain américain disait que le territoire français du Québec constituait un enrichissement pour l’ensemble de l’Amérique. Cet enrichissement en est un aussi pour le monde francophone : bien au-delà de notre accent, c’est notre manière d’utiliser la langue qui est unique, tant dans nos ouvres littéraires, que dans nos chansons, notre théâtre et notre façon de dire le réel. Chacun et chacune de nous est responsable de la préservation et de la qualité de ce patrimoine identitaire. Nous sommes responsables d’offrir au monde cette couleur originale qui s’ajoute à celles que les autres peuples ont développées. Hier à la radio, j’entendais de jeunes auteurs compositeurs de chansons d’ici dire que le français revient en force dans ce domaine. Espérons que les médias ne nous priveront pas de leurs oeuvres et que l’école jouera aussi son rôle primordial dans la transmission de notre patrimoine. Fêter n’est pas contradictoire avec le fait de remettre notre conscience en marche. Bonne fête nationale à toutes et à tous !

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